La guerre au tourisme de masse: un effet de la pandémie

Depuis le 1er juillet, Amsterdam a interdit les locations touristiques de type Airbnb dans son centre ville. Dans les autres quartiers, les locations ne sont plus autorisées que 30 jours par an et à des groupes de 4 personnes maximum. La ville déclare la guerre au tourisme de masse en s’appuyant sur un constat implacable, un apparemment sur 15 est proposé à la location sur les sites en ligne! De son côté le Maire de Lisbonne a affirmé récemment souhaiter se débarrasser d’Airbnb une fois la crise du Covid terminée. Il a expliqué au journal britannique « The Independant » vouloir transformer les locations à court terme en « payant les propriétaires pour transformer des milliers de locations de courte durée en logements à loyer sûr pour travailleurs clés ».

Peut-on imaginer la mairie de Paris emboîter le pas à ces édiles courageux qui ont compris que leurs administrés n’en pouvaient plus du tourisme de masse et de ses ravages dans leur vie quotidienne, dans la vie de leur quartier lorsqu’ils n’en ont pas encore été chassés ? La mairie de Paris évalue d’ailleurs à 20 000 le nombre de logements qui ont ainsi été exclus du parc locatif parisien, ce qui est énorme !

Si le législateur (loi ELAN) a limité à 120 jours maximum par an la possibilité de louer en location touristique sa résidence principale, il a aussi défini « le meublé de tourisme » pour lequel dans les villes de plus de 200 000 habitants une déclaration à la mairie est nécessaire. Si le bien concerné est une résidence secondaire meublée, le propriétaire qui souhaite le louer sur une plateforme de location touristique (même dans la limite de 120 jours par an) doit solliciter un changement d’usage auprès de la mairie. Il appartient alors à la ville de décider les conditions restrictives qu’elle souhaite appliquer. La contrainte la plus forte étant pour le propriétaire d’assortir sa demande d’une proposition de compensation, c’est-à-dire de transformer parallèlement en logement des locaux dont il est aussi propriétaire et qui sont jusqu’alors réservés à un autre usage. Mais il est aussi possible d’acheter un titre de compensation auprès d’un tiers qui change l’usage de locaux en logement. Bien entendu ce système est lourd et rend difficile a priori les changements en location touristique, mais au cours des dernières années le Bulletin Officiel de la Ville de Paris a pourtant montré que nombre d’autorisations étaient accordées…

 

La mairie qui aujourd’hui semble s’en mordre les doigts, elle affiche en effet une attitude de fermeté, toute de façade, aux plateformes de locations touristiques. Qu’attend-elle pour ne plus accorder ces changements de destination (sauf si c’est pour la location traditionnelle de logement) ? Barcelone l’a interdit depuis 2014 et Los Angeles aussi.

La « nouvelle » équipe municipale doit utiliser au maximum tout l’arsenal à sa disposition pour en finir avce la « merchandisation » extrême des logements à Paris et interdire les locations touristiques dans le centre comme vient de le faire Amsterdam en permettant la reconquête des habitations perdues en logements locatifs traditionnels. Elle doit réduire aussi le nombre de jours maximum de locations autorisés, 120 est encore trop élevé, c’est le maximum accordé par la loi!

Paris souffre du tourisme de masse, même si d’aucuns prétendent le contraire. Il faut penser à tous ces hôtels qui risquent la faillite après un si long arrêt de leur activité. Point n’est besoin de leur rendre la vie encore plus difficile en laissant les plateformes de locations touristiques leur faire allégrement concurrence. Une équipe municipale soucieuse de l’activité économique de sa ville ne peut passer à côté de mesures qui protégeront l’activité du secteur hôtelier, il n’y a pas que les bars qui comptent dans la vie économique d’une commune, quelle qu’elle soit. 

Mais est-on vraiment convaincu que Paris emboîte le pas à Amsterdam et Lisbonne? Rien n’est moins sûr…

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