La pollution lumineuse ne faiblit pas

Dans le dernier numéro de France Nature Environnement Île de France, un long article  fait le point sur la pollution lumineuse et le droit à la nuit. Nous reprenons les principaux thèmes développés par son auteur Maxime Colin.

Après un rappel de la définition de la pollution lumineuse « qui désigne l’emprise croissante du spectre de la lumière artificielle sur la biodiversité, la santé des êtres humains ainsi que leur jouissance du ciel étoilé » et du développement effréné des sources d’émission de lumière depuis la fin du XIXème, l’auteur de l’article inique que « la pollution lumineuse témoigne aujourd’hui d’un regain d’intensité » avec une réelle prise de conscience depuis 1990.

Ainsi  « la dernière version de l’Atlas mondial de la luminosité artificielle nocturne révèle que 60 % des Européens ne peuvent pas voir la voie lactée et que 99 % des populations américaines et européennes vivent sous des cieux pollués par la lumière.« 

Les effets négatifs sont aussi ceux concernant le fonctionnement biologique du vivant.  »  Le rythme circadien régule les mécanismes essentiels du corps humain tels que le rythme de production d’hormones, l’appétit, la digestion, la température corporelle ou l’équilibre veille/sommeil. » Ce qui entraîne des  » troubles du sommeil, stress, fatigue, dépression, prise de poids, risque accru de développement de cancer,.. » il en est de même pour la faune et la flore entraînant « une augmentation de la mortalité et un appauvrissement de la diversité des espèces animales et végétales dans les milieux éclairés la nuit. »

La prise en compte de ce phénomène est qualifiée de « poussive » par Maxime Colin. Si « le législateur a profité du processus du Grenelle de l’environnement pour impulser une régulation des nuisances lumineuses…. Depuis 2013, des plages horaires d’extinction de certaines installations lumineuses sur les bâtiments non résidentiels ont été imposées (de 1 heure à 7 heures du matin). Mais le dispositif ne couvrant pas toutes les installations lumineuses,  le Conseil d’Etat a condamné en 2018 l’État pour carence dans la limitation des pollutions lumineuses, notamment pour ce qui concerne l’éclairage public. » Dès lors un arrêté a été publié le 27 décembre 2018 pour tenir compte de cette décision (niveaux d’éclairement, température de couleur et orientation de l’émission…) avec néanmoins des dérogations.

Pourtant le dispositif mis en place par le gouvernement ne couvrait pas l’ensemble des installations lumineuses, si bien que le Conseil d’État s’est résolu, en 2018, à la demande de FNE et d’autres associations, à condamner l’État pour carence dans la limitation des pollutions lumineuses, notamment pour ce qui concerne l’éclairage public. Parmi les applications figure depuis le 1er janvier 2020, « une interdiction des luminaires orientés vers le ciel, quels qu’ils soient. »

Afin de réduire la pollution lumineuse il existe aussi de’autres possibilités telles que  »  les règlements locaux de publicité, qui permettent de réguler la publicité lumineuse, en interdisant, par exemple, les écrans vidéo-publicitaires. » il existe aussi désormais un label « Villes et Villages étoilés » mais sera t-il pérenne ?

L’auteur explique que le droit de la nuit émerge dans notre pays mais « la réglementation est laxiste« , il faut des sanctions dissuasives, ce qui n’est pas la cas (contraventions de 4ème classe seulement soit 135€00).

La FNE Ile-de-France souhaite se lancer dans des opérations « chasse à la pollution, lumineuse » afin de dresser une liste des installations illégales et les commerces ne respectant pas les obligations d’extinction (y compris des enseignes) après une heure du matin.

De telles opérations, ne nous y trompons pas ont une vertu pédagogique auprès du public et des commerçants ainsi que des élus car la pollution lumineuse est en fait bien plus importante qu’il ne parait au yeux de beaucoup d’entre nous.

1 commentaire

  1. On aimerait bien que tous les maires de France lisent cet article et en tiennent compte.
    Cela nous permettrait de contempler à nouveau le ciel étoilé, comme dans notre enfance, d’écouter même , à la campagne, le chant des grillons et des rossignols, au lieu d’être agressé par des réverbères qui rivalisent généralement de laideur.

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