La surenchère verte des élections municipales…

Pour rendre Paris plus vert, les propositions de la Maire, candidate à sa réélection au prochain scrutin des municipales, ne cessent de faire polémique, tant elles paraissent aux yeux des spécialistes et amis de nature extraordinairement disproportionnée. Ainsi parmi les articles de presse, nous avons relevé celui du Figaro qui, dans son édition des 29 février et 1er mars, titrait « L’impossible programme vert d’Anne Hidalgo ». Le point le plus « clivant » que nous avons relevé est celui des arbres.  Pour compenser l’écart de m2 végétalisés par habitant qui est bas à Paris en comparaison d’autres villes (la moyenne de la capitale est de 5,8 m2, bien en deçà de la préconisation de l’OMS qui est 10 m2), les candidats fourmillent d’idées et se sont lancés dans la surenchère. La Maire qui pourtant se félicite de son action n’hésite pas à lancer l’idée de planter 170 000 arbres durant la prochain mandat si elle était élue !

Un tel nombre d’arbres n’est pas rien, cela représente 80 arbres à planter chaque jour durant 6 ans, une véritable gageure, puisqu’il faudrait multiplier le rythme de plantation de la mandature finissante par 10 !! En effet,  arboriser les voies sur berges et créer des « forêts » un peu partout ne suffiront pas à tenir ce pari fou.

Des spécialistes interrogés mettent en avant plusieurs arguments qui démontrent le côté « ahurissant » de cette proposition de campagne et les multiples contraintes qui ne peuvent pas être occultées. Ils opposent d’abord  à cet engagement celui d’édifier 10 000 logements par an alors que le foncier est rare à Paris et que des espaces vers ont été détruits durant la présente mandature. Ils rappellent que la ville compte déjà 175 000 arbres auxquels s’ajoutent les 300 000 des bois de Vincennes et de Boulogne. Faut-il d’ailleurs continuer à raisonner Paris intramuros ou raisonner plus large, en tenant compte des communes environnantes qui disposent de grands espaces verts qui concernent aussi toute l’agglomération ? Ces spécialistes dénoncent « les fausses végétalisations sur dalles, toitures, murs et jardinières » quand «les surfaces en pleine terre ont diminué de 3% en un an » (déclaration de la Présidente de la Fédération Nature Environnement, la FNE).

N’oublions pas non plus que les sous-sols de la ville sont saturés de canalisations, fils, câbles, réseau d’égouts, tunnels de métro et tuyaux, avec lesquels les racines des arbres ne font pas bon ménage…. Il faut savoir qu’un arbre a besoin en sous-sol d’autant de place (12 m3 de terre) qu’au sol où son taux d’emprise est de 5 m2.  Ce sont donc 90 ha qui seraient nécessaires si la promesse de la Maire sortante était mise à exécution !

En écho à cet engagement électoral, des connaisseurs fustigent l’abattage trop fréquent d’arbres sains dans la capitale et l’utilisation du vocable « forêts urbaines » qu’ils considèrent comme un abus de langage, une forêt étant pour eux autre chose, synonyme d’espace, de sauvage et de naturel…

En réalité, nous assistons à un bataille des chiffres, y compris sur la création depuis 2014 de 28,5 ha d’espaces verts dont une partie significative serait en réalité de simples rénovations. Les données disponibles sont actuellement insuffisantes, incomplètes et parcellaires, il est difficile d’étayer ces affirmations faute d’avancées sur le plan statistique …

Pour l’essentiel beaucoup reste à faire et sans une réelle concertation, digne de ce nom, avec les habitants, aucun candidat n’est à même de disposer de la solution idoine.

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