L’église Saint-Roch est un véritable musée

C’est un commerçant parisien, Jean Dinocheau qui est à l’origine de l’église Saint-Roch. Il fit en effet bâtir une chapelle dédiée à Sainte Suzanne dans ce qui était encore à l’époque un faubourg près de Paris. Agrandie à partir de 1577 pour devenir église rattachée à Saint-Germain l’Auxerrois, elle est érigée en église paroissiale en 1629. Mais c’est à la suite de l’attribution d’un terrain qui jouxte l’édifice qu’une nouvelle église est bâtie à partir de 1653 (Louis XIV posa la première pierre). Les travaux vont s’étaler sur une centaine d’années fluctuant selon les financements disponibles. Différents styles d’architecture sont représentés. Le transept et le chœur restés longtemps inachevés furent protégés par un plafond de bois. Participèrent à cette édification de grands architectes tels Jacques Lemercier, Jules Hardouin-Mansart et Robert Bullet (chapelle de la Vierge), Robert de Cotte (une tour) et son fils Jules-Robert à qui l’on doit la belle façade XVIIIe à 2 niveaux avec ses colonnes doriques et corinthiennes au haut des marches d’accès. Les impacts laissés par les combats pendant la Révolution sont encore visibles. L’église figure parmi les plus longues de Paris avec ses 126 m. Il est souvent indiqué que son plan fut inspiré par celui de Notre-Dame. Elle a été classée monument historique en 1914.

Si la nef est dépouillée, il a été fait appel à de grands artistes pour la décoration intérieure notamment les chapelles. Falconet dont la plupart des œuvres ont disparu, est intervenu de même que Simon Challe (1719-1765) qui exécuta un Saint-Grégoire en pierre et la chaire dont il reste le superbe abat-voix. Une très belle sculpture de Lemoyne, « le baptême de Jésus », est encore en place. De nombreuses œuvres furent pillées à la Révolution, l’édifice étant transformé en temple du Génie. Le culte est rétabli en 1804.  L’église sera saccagée une nouvelle fois en 1815 suite au refus des autorités religieuses d’inhumer chrétiennement la Raucourt, une célèbre actrice de l’époque.

Ayant retrouvé une partie des œuvres qui l’ornaient, la collection de peintures a été enrichie par des artistes célèbres (Joseph-Marie Vien, Gabriel-François Doyen, Eustache Le Sueur, Jean Restout, de nombreux peintres du XIXe dont des peintures murales de Chassériau). Mais c’est la chapelle de la Vierge baroque qui donne à Saint-Roch toute sa singularité « rotonde lumineuse et théâtrale entourée d’un déambulatoire dans le prolongement du chœur. » La coupole ovale est peinte d’un magnifique « Triomphe de la Vierge » par Jean-Baptiste Pierre (1714-1789), prix de Rome et premier peintre du roi. La voûte peinte du chœur réalisée par Adolphe Roger (1800-1880) qui a peint aussi pour Notre Dame de Lorette et Sainte-Elisabeth, mérite d’être vue.

L’église dispose d’un grand orgue Clicquot (il subsiste surtout le buffet) restauré en par Cavaillé-Coll (52 jeux) et d’un orgue de chœur lui aussi Cavaillé-Coll (12 jeux). Les vitraux sont du XIXe siècle.

De nombreuses personnalités sont inhumées dans cette église, parmi elles Le Nôtre, Diderot dont le tombeau fut vidé pendant la Révolution, Corneille, Duguay-Trouin, Fragonard, Mignard et madame Geoffrin. Saint-Roch est aussi la « paroisse des artistes ».

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