Les Hôtels Peyrenc de Moras, de La Haye et Bergeret de Frouville

Le livre  « Le Marais Ses hôtels, Ses églises » écrit par Yvan Christ , Jacques Silvestre de Sacy et Philippe Siguret paru en 1964 dans la collection Les Libraires Associés aux Editions des deux Mondes, est écrit sous forme de « Promenade dans le Marais, étude historique et artistique des hôtels, des églises et des monuments civils conservés ou disparus, avec l’évocation des personnages célèbres et des grandes familles qui les ont illustrés à travers les siècles … »  Un des chapitres de cet ouvrage documenté est consacré aux Hôtels Peyrenc de Moras, de la Haye et Bergeret de Frouville qui se trouvaient aux 3, 5 et 5 bis rue Béranger dans le 3ème arrondissement,  là ou se situent aujourd’hui l’école primaire Béranger et le collège Pierre-Jean-de-Bérange ainsi qu’un immeuble plus récent. Le 3 forme angle avec la rue de Franche Comté.

Il est indiqué qu’à cet emplacement se trouvaient par la passé 3 maisons sur un terrain acquis en 1698 par le Sieur de Beausire. Vendues à l’ingénieur du roi Gabriel Degrèze, l’une d’entre elles donnait sur la rue de Vendôme, du nom du grand prieur du Temple qui la fit ouvrir. Après avoir établi les plans de 2 hôtels symétriques séparés par une simple grille coupant la cour en deux, Gabriel Dezègre revend les parcelles à Jean Pujol (N°5) et à Abraham Peyrenc de Moras (N°3) en 1720. Fils de perruquier originaire de Saintonge, ce  dernier est lui même perruquier et valet de chambre-barbier de François-Marie Fargès, célèbre munitionnaire, anobli par charge de conseiler secrétaire du roi en 1719 et dont il séduisit la fille. L’argent de celle qui devint sa femme fut habilement utilisé en cette période où notre perruquier dont l’ascension est rapide devient inspecteur général de la banque de Law, avant qu’elle en connaisse la banqueroute. Fortune faite, notre ex perruquier acheta des charges et les terres de Moras, près de la Ferté Sous Jouarre. Anobli, il devint alors maître des requêtes et chef du conseil de la duchesse douairière de Bourbon. il mourut en 1732 dans l’hôtel Biron, rue de Varenne abritant actuellement le musée Rodin.  Sa veuve s’installa alors dans l’hôtel de la rue Vendôme où elle s’éteignit en 1748.  Ses descendants vendirent l’hôtel en 1768 à Jean Bergeret de Frouville. Ce dernier acquit ensuite de Charles-Laurent Poullain sculpteur et directeur de l’académie de Saint-Luc, l’Hôtel construit par Jean Pujol au N°5.

Jean Bergeret de Frouville, conseiller du roi,  secrétaire du Conseil d’Etat et de la direction de Finances, grand collectionneur, est marié à Elisabeth de La Haye, la  fille du secrétaire du roi qui reçut de son père l’Hôtel contigu du même nom. A sa mort Bergeret de Frouville laissa l’ensemble à sa fille mariée en secondes noces à Herse d’Arbonne,  Grand maître des Eaux et Forêts du département d’Orléans. Après être passé en diverses mains, la Ville de Paris acquiert la propriété en 1881. Le second Hôtel qui devint la propriété de Charles Marin, fermier général, fut lui aussi, après plusieurs changements de propriétaires, acquis par la Ville en 1899. Il est intéressant de signaler que le célèbre chansonnier Béranger rendit l’âme dans un appartement de cet hôtel en 1857.

« L’Hôtel ne garde aujourd’hui que ses extérieurs pour attester de sa splendeur » excepté les escaliers d’honneur intérieurs avec leur rampe-en fer forgé. Deux portes cochères monumentales datant du XVIIIe siècle typiques de cette époque donnent sur la rue Béranger. Au 5 le fronton est sculpté de feuillages et au 3 de guirlandes. il n’y avait à l’origine qu’un étage et « le toit brisé est rythmé par une série de lucarnes toutes semblables« .  Peu avant la Révolution, Bergeret de Frouvllle entreprit de nouvelles constructions dans le style pompéien dont des « pavillons avec parements à refends… un attique et des doubles colonnes doriques  surmontées de statues qui encadraient la porte… » Les intérieurs de l’Hôtel Peyrenc de Moras étaient très riches. On cite souvent la présence de tapisseries tissées à partir de cartons de scènes mythologiques exécutés par Boucher et des boiseries remarquables qui furent transportées ensuite dans un Hôtel particulier du XVIe arrondissement.

 

 

 

 

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