Toujours plus d’hôtels dans le Marais

Nous avions publié le 16 juillet dernier un article à l’occasion de l’ouverture de l’Hôtel Sinner 116 rue du Temple par le groupe Evok Hotels Collection fondé en 2014 par le chef d’entreprise Pierre Bastide qui a fait fortune dans les convertisseurs électriques. Nous annoncions à cette occasion l’ouverture proche d’un autre hôtel dans le Marais, ce qui est chose faite. Il s’agit de la Cour des Vosges au n°19, à l’angle de la place des Vosges et du débouché de la rue des Francs Bourgeois. La publicité indique d’ailleurs que toutes les chambres (au-dessus du restaurant « Ma Bourgogne ») ont vue sur la prestigieuse place. 

L’établissement est avec le « Pavillon de la reine », le second hôtel 5 étoiles de la place. Il comprend 6 chambres et 6 suites dont les prix oscillent entre 600 € et 3 000 € la nuit. Un salon de thé a été installé au rez de chaussée (photo ci-dessus de la terrasse). Pour arriver à faire du lieu un hôtel des travaux très lourds ont été engagés avec la contrainte du monument historique puisque l’édifice appelé Hôtel de Montbrun est classé depuis 1954. Les architectes retenus pour mener à bien cet aménagement sont Yoann Lecoadic et Alessandro Scotto. De très belles poutres peintes masquées par de faux-plafonds en plâtre ont été mises au jour. Si la fonctionnalité des chambres requiert un peu de modernité celle-ci est très contenue avec quelques pointes de design des années 70 et l’emploi des couleurs pastel. Le salon de thé au pied de l’immeuble est sobre et classique à la fois avec ses huisseries peintes en noir, ses meubles épurés en bois naturel et les nombreux pots et plantes qui égaient la terrasse. Les pâtisseries servies sont élaborées par Yann Brys, premier ouvrier de France et chef pâtissier du Brach.

Cette ouverture prouve davantage encore, s’il en était besoin, que le Marais est devenu le centre névralgique d’un business presque exclusivement tourné vers le tourisme. Il devient de plus en plus difficile de qualifier le Marais comme un quartier au sens premier du terme, c’est-à-dire de lieu où vivent et se côtoient des familles, des commerçants, des artisans … Il faut plutôt parler du « business center » du tourisme de Paris, un lieu de passage de masse que renforcent non seulement les hôtels mais surtout la multiplication des locations touristiques et des locations en meublé professionnel générant la mono activité des commerces et l’envolée des prix de l’immobilier (commerces y compris) tant à l’achat qu’à la location. Continuer dans ce contexte à multiplier le nombre de logements sociaux comme ceux de la caserne des Minimes toute proche de la place des Vosges,  souvent à prix d’or, n’a plus grand sens et sonne comme un combat d’arrière-garde perdu d’avance en ce qui concerne la mixité sociale recherchée. Les candidats aux prochaines élections municipales feraient bien de réfléchir à deux fois lorsqu’ils établiront leur programme et se pencher sur le devenir du centre de Paris réuni en un seul arrondissement qui n’aura plus d’âme, sera totalement lisse et banalisé, sous l’emprise des seuls intérêts mercantiles.

1 commentaire

  1. Effectivement, le Marais, devenu la proie des exploitants du tourisme et de ce fait rendu invivable, n’aura bientôt plus aucun charme . Il faudrait une volonté politique ferme et rapide pour changer le cours de cette évolution : lorsque la poule aux oeufs d’or aura été tuée , elle ne reprendra pas vie !

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