Alors que le sujet des travaux nécessaires pour maintenir le musée du Louvre en état est à la une des médias, il est étonnant de faire mine de découvrir l’ampleur du problème alors que depuis des années il est connu, tant des équipes du musée que des pouvoirs publics moult fois alertés mais sans succès… Lasse sans doute, la présidente de l’institution, Laurence des Cars, a pris sa plume pour dresser un état des lieux qu’elle a envoyé à sa ministre de tutelle, courrier rendu public et qui a provoqué la visite du Président de la République le 28 janvier!
On découvre dans la missive de la présidente de l’établissement, un « niveau d’obsolescence inquiétant des équipements… », … » une multiplication d’avaries » dans les salles d’exposition. Une situation ennuyante quand il s’agit du plus grand et du plus visité des musées du monde. Parmi les dégradations sont cités les fuites d’eau, le mauvais état des escaliers mécaniques et des ascenseurs, des problèmes électriques et surtout les conséquences des changements climatiques sur des édifices aussi anciens ou plus récents comme la pyramide voulue par François Mitterrand inaugurée il y a 37 ans et qui se transforme en véritable four lors des grandes chaleurs !
De 9 à 10 millions de visiteurs se pressent sur cette entrée chaque année alors qu’elle a été prévue pour 4 millions de personnes. La température étant aussi un paramètre essentiel dans la conservation des œuvres. Quid surtout de la Joconde ? Pouvoir la voir est un véritable parcours du combattant car le lieu d’exposition n’est plus adapté pour faire face au sur tourisme.
Toutes ces évolution souhaitées et nécessaires demandent de l’argent, beaucoup d’argent (1 milliard d’€ environ) dont ne dispose pas a priori notre pays compte tenu de sa situation financière. Plusieurs centaines de millions d’€ sont d’ores et déjà nécessaires, à comparer aux 26 millions d’€ dépensés en 2024, la subvention de l’Etat atteignant de son côté 96 millions d’€ en baisse sur les années antérieures.
La visite du Président de la République, là-même où il a souhaité être adoubé peu après son élection en 2017, a permis de confirmer qu’il fallait redonner du lustre au musée. Certains n’hésitent pas à le qualifier de « délabré » ou soulignent sa « vétusté alarmante« . Le plan de rénovation appelé « Louvre nouvelle renaissance » prévoit notamment l’ouverture d’une seconde entrée côté colonnade de Perrault face à l’église Saint-Germain l’Auxerrois. Colonnade dont la mairie de Paris a annoncé revoir les abords… Le Président de la République a été d’autant plus enclin a annoncer ce plan de rénovation que « l’intégralité des travaux de ce nouvel accès sera financée par les ressources propres du musée sans peser sur le contribuable…«
La Joconde quant à elle sera installée dans un nouvel espace accessible de manière autonome, elle devra donc quitter la salle des Etats. Les « nouvelles extensions ainsi que la création de nouveaux espaces sous la Cour carrée du Louvre, d’ici 2031, devraient coûter environ 400 millions euros » (*). Ils seraient « financés par l’argent apporté par le Louvre Abou Dhabi et des appels au mécénat… » comme l’a indiqué la présidente du Louvre dans son courrier.
Les travaux liés à la vétusté et d’adaptation à la fréquentation sont estimés à environ 300 à 400 millions supplémentaires, sur environ 10 ans. Cet argent sera en partie financés par la majoration du prix du billet d’entrée, qui fait déjà polémique mais semble cependant acquise à compter de 2026, pour les étrangers issus de pays extérieurs à l’Union européenne. Décision qui pourrait d’ailleurs s’étendre à d’autres musées français.
N’oublions pas enfin que l’idée de tous ces aménagements est aussi celle de rouvrir le musée aux Parisiens qui souvent sont dépités face au sur tourisme qui provoque un tel étranglement pour accéder aux collections qu’il les dissuade de se rendre au Louvre, sauf à réserver sa visite lors d’expositions temporaires.
(*) Ils comprendraient aussi l’offre alimentaire ou les sanitaires qui sont en nombre insuffisant et une signalétique à repenser entièrement.
