C’est en 1985, il y a 40 ans déjà, que François Mitterrand choisissait parmi les 3 projets présélectionnés que lui présentait Jack Lang, alors ministre de la culture, celui de Daniel Buren (Les Deux-Plateaux) malgré l’avis négatif de la Commission supérieure des monuments historiques et de l’association des amis du patrimoine ou siégeaient de nombreuses personnalités. Ce projet qui a failli ne pas voir le jour repose sur deux principes selon son créateur : « Le premier consiste à ne pas ériger de sculpture au milieu de cette Cour d’Honneur comme la tradition le voudrait, mais de révéler le sous-sol. Le second vise à inscrire le projet dans la composition architecturale du Palais-Royal qui est essentiellement linéaire, répétitive et tramée. De la conjonction de ces deux principes, c’est-à-dire de tous les possibles de l’un et de l’autre, sans jamais toutefois qu’ils ne se contredisent ni ne s’annulent, émerge l’œuvre monumentale projetée »…« Les colonnes sont dans des tranchées en référence à l’histoire du lieu, qui fut auparavant, en 1899, transformé en une usine électrique semi-enterrée et dans le but de révéler le sous-sol » dans lequel une fontaine souterraine a aussi été créée. « Sous cette construction, on entend l’eau qui coule : Buren donne ainsi une autre perception du lieu, une perception sensitive. La nuit les colonnes sont éclairées ».
Les 260 colonnes en marbre blanc de Carrare et noir des Pyrénées, ont été restaurées en 2008 (près de 6 millions d’€) et font toujours débat. Celui-ci a commencé par une vive campagne de presse, des pétitions ont été signées, des questions parlementaires ont été posées, des graffitis et même des insultes ont été inscrites sur les palissades protégeant le chantier. Chantier qui a dû être arrêté un temps en raison du lancement d’une procédure judicaire…
Récemment encore dans un article du Figaro du 12 novembre, l’historien de l’art Jean Clair qualifie ainsi cette œuvre, « un style peut-être mais pour ne rien dire…Les colonnes de Buren ne supportent rien… », elles « sont le jeu de quilles que la roue du Temps finira par renverser ». Il est vrai que le lieu prestigieux et historique, de surcroit classé, qui servait auparavant de parking au personnel du conseil d’Etat, ne laisse pas indifférent. Il est à la croisée de la Comédie française, du ministère de la culture, du Conseil d’Etat, du Conseil constitutionnel et à quelques pas du Louvre. Les colonnes de section octogonale ont néanmoins pris leur place dans le paysage exceptionnel du Palais Royal, enfants et adultes y jouent, montent au sommet des colonnes et se font photographier. Difficile d’imaginer aujourd’hui un retour en arrière. L’artiste de 87 ans vient de réaliser « La façade aux Acacias » au n°30 de la rue éponyme dans le XVIIe arrondissement. Le style n’a pas changé. A voir
Sources: Wikipédia. Le Figaro des 10 et 12 novembre 2025
