L’Hôtel de Fourcy, nouveau poil à gratter des édiles parisiens

Décidemment l’immobilier fait et continue à faire couler beaucoup d’encre dans la capitale. Nous avons récemment donné notre avis sur les objectifs quasi irréels que la municipalité actuelle souhaitait atteindre en matière de logements sociaux (40 à 50 %). Les promesses électorales vont bon train sur le sujet et les chiffres sont lancés comme l’illustration du Larousse, les aigrettes du pissenlit, qui sème à tout vent. Sorte de surenchère qui n’est pas de bon aloi et qui cache une certaine impéritie en la matière causée essentiellement, nous ne le dirons jamais assez, par la montée exponentielle des locations saisonnières.  Quitte à se répéter, ces locations ont été largement encouragées pendant plusieurs années par les édiles actuels qui ont dû faire machine arrière mais un peu tard, grâce d’ailleurs aux évolutions plus contraignantes de la réglementation nationale.

L’équipe sortante qui ne veut pas être a court d’idées et souhaite continuer à entretenir d’une certaine façon le buzz a fait savoir qu’elle envisageait de transformer l’Hôtel de Fourcy  8 place des Vosges en un immeuble de 17 appartements pour un coût de 7,6 millions d’€.  Deux prêts de 1,5 millions d’€ seront accordés par la Caisse des dépôts et Consignations sur des durées respectives de 40 et 60 ans, c’est-à-dire un report du financement sur les générations futures. Si près des élections est-ce bien heureux de faire une telle déclaration. Sur le lieu symbolique choisi, tout prés de la Maison de Victor Hugo, n’est ce pas une forme de fanfaronnade, de bravade de dernière heure qui n’a pas sa place dans le contexte difficile que nous traversons où les décisions à l’emporte pièce avec l’argent du contribuable fatiguent plus qu’elle n’agacent ? Aller à l’encontre d’un certain entendement et contraindre n’ont jamais apporté le « bien vivre » espéré par bien des politiques et jamais atteint en forçant à leur façon la mixité sociale… Bien au contraire

 L’Hôtel de de Fourcy datant du XVIIe siècle (il s’étend sur 1000 m² répartis entre un bâtiment donnant sur la place et trois corps de bâtiments, autour d’une cour, surélevés au XIXe siècle) est classé depuis 1954. Il doit son nom à la famille éponyme qui l’occupa. Il a été donné à la ville de Paris par des donateurs dont le nom diverge selon les sources. Il est souvent indiqué qu’il s’agit des descendants de Théophile Gautier. Or ce dernier que ne l’a habileté que 6 ans était semble t’il seulement locataire (?). Il n’empêche qu’il est écrit à propos de cette donation qu’elle impliquait l’obligation que le bâtiment abrite un lieu d’enseignement. Ce qui n’est plus le cas depuis 2020 date à laquelle le lycée technique Théophile Gautier, soit 250 élèves, a quitté les lieux. 

A ce moment la mairie de Paris dans le cadre « Réinventer Paris 2″ avait alors projeté de transformer cet ensemble en résidences sociales et une université populaire (délibération votée mi-novembre par le Conseil de Paris) sous la houlette de Quartus (*) et Habitat et Humanisme (**) pour la gestion. Le projet qui devait montrer que  » cette coloration très solidaire et sociale procède d’une volonté de revenir aux origines autrefois populaires et ouvrières de la Place des Vosges » avait pour nom « Habiter Demain – Le Gîte de Fourcy ».  Le bien changeait ainsi de catégorie, passant du statut « d’hôtel particulier » à celui « de gîte social »! Mais les travaux qui devaient débuter en 2021 n’ont finalement pas vu le jour pour des raisons que nous ignorons.

Que faut il penser de ce « coup de com » tel que le qualifie le Parisien du 17 novembre 2025. Son devenir est-il bien celui « d’une vision politique » tel que l’indique le même quotidien ? Nous pensons que non. Il s’agit davantage d’un irritant qui ne fait que renforcer les divisions et provoquer de l’agitation. Plaquer de tels logements dans un quartier où le prix du m2 peut atteindre 30 000 € et non 15 000 comme l’écrit le Parisien est irréaliste. L’exemple de la transformation en 70 logements de la caserne des Minimes toute proche, un chantier emblématique selon les édiles d’alors qui devait amener de la mixité sociale montre 5 ans plus tard qu’il n’en est rien. 
Alors entre utopie, dogmatisme, et respect des volontés des donateurs, ne faudrait-il pas recueillir d’abord le consensus des habitants ? Malheureusement la concertation n’est pas le fort de l’équipe municipale sortante …

 

(*) Détenu à 95% par Naxicap Partners, filiale de la BPCE Quartus développe des projets qui reposent sur une approche contextuelle forte, soucieuse de la connaissance fine des territoires et de leurs enjeux. À la fois maître d’ouvrage et investisseur, Quartus est implanté sur sept territoires métropolitains : Grand Paris, Lille, Lyon, Nantes, Bordeaux, Marseille, Nice, véritables guichets uniques de ses savoir-faire.

(**) Association créée en 1985 qui permet à des personnes en difficulté d’être logées dignement et de retrouver confiance et autonomie grâce à un accompagnement personnalisé.

 

 

 

 

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