Le président de l’association Sites et Monuments vient d’attirer l’attention des Parisiens mais aussi des amoureux de Paris sur les conséquences liées à la réglementation des passoires thermiques. En effet, la mairie de Paris par la voix de Jacques Baudrier, l’adjoint en charge du logement et de la transition écologique du bâti, a fait savoir qu’elle s’attaquait aux passoires en question (F ou G dans le classement de performance énergétique). Rappelons que le prédécesseur de Jacques Baudrier, devenu sénateur, a été à l’origine de l’encadrement des loyers et s’est attaqué aux locations saisonnières conscient, tardivement d’ailleurs, que celles-ci privaient d’une part non négligeable du parc immobilier parisien le marché de la location traditionnelle.
Le problème dans cette action revendiquée par la mairie est que maints immeubles haussmanniens appartenant souvent à un seul propriétaire se retrouvent dans le « viseur municipal ». Cela concerne 7 000 immeubles et 100 000 logements à rapporter aux 1,1 million d’appartements privés de la capitale. Se fondant sur la loi climat et résilience de 2021, l’élu estime que les appartements non ou mal isolés sont en grand nombre et sortent de ce fait du marché puisqu’ils ne sont pas louables…! Et d’en tirer la conclusion qu’il s’agit pour la plupart de « résidences secondaires« , « d’héritiers » (?) qui ne tiennent pas à engager de travaux ad hoc faute d’habiter à l’année dans ces lieux. Sauf que de tels travaux sont hyper coûteux (une moyenne de 100 K€ par appartement estimée et difficile à rentabiliser ensuite selon Le Figaro du 8 et 9 novembre dernier). Le remplacement des fenêtres est particulièrement onéreux et peut aussi nécessiter l’accord de la copropriété… complexifiant davantage le dossier. Aussi lorsqu’un immeuble entier est vendu par son ou ses propriétaires, la ville exerce dans la plupart des cas son droit de préemption pour aménager le bien en logements sociaux. 2 000 biens ont déjà été préemptés en 2025 par la mairie pourtant exsangue au plan financier et elle annonce viser le nombre de 5 000 immeubles pour l’ensemble de l’année !
L’opposition au Conseil de Paris, et à l’approche des prochaines élections municipales, ne cautionne pas cette politique arguant que le taux de 25% de logements sociaux imposé par la loi est dépassé à Paris où dans certains quartiers il peut atteindre 50% et plus ! L’action engagée par la mairie pour mettre aux normes écologiques les immeubles incriminés est taxée de « non sens « , « d’ atteinte au droit de propriété et à notre patrimoine« . La mairie répond qu’elle traite souvent de la sorte des situations graves (arrêté de péril…) et peut faire réoccuper les logements aprés les avoir entièrement rénovés tout en respectant l’architecture. Une politique sociale et écologique en somme.
Certes nous ne pouvons contester ces deux derniers buts, mais une récente proposition de loi votée au Sénat modifiant le code de la construction et de l’habitation intègre désormais les spécificités du bâti ancien dans le DPE qui deviendrait seulement indicatif et non plus contraignant (l’Assemblée nationale statuera en mars prochain). Il n’empêche qu’au-delà de ces considérations techniques, la politique effrénée, consistant à développer tous azimuts le logement social, a ses limites et les taux atteints cités supra interpellent, alors que nous manquons de logements dits intermédiaires. Il faut être raisonnable en tout et appliquer les lois sans idéologie et sans dogmatisme. Le parc immobilier de Paris ne doit pas devenir un parc uniquement de logements sociaux et de locations saisonnières. Il faut savoir raison garder et éviter d’appliquer à un problème, le manque de logements, une seule solution particulièrement coûteuse, alors qu’il en existe d’autres. La Ville de Paris n’a pas vocation à devenir le plus grand propriétaire foncier de France et à exercer majoritairement cette activité, une situation totalement anachronique qui de surcroit obère durablement ses finances déjà bien tendues.
