Le programme du Livre blanc de la concertation pour la révision du plan climat de Paris 2024-2030

La mairie de Paris vient de rendre public « le Livre blanc de la concertation pour la révision du plan climat de Paris 2024-2030« . Il n’omet pas au passage de mettre en exergue l’écriture inclusive pourtant prohibée.
Nous avons procédé à l’analyse de ce document. Après un rappel de l’engagement pris par Paris depuis 2017 au travers de 3 plans climat, en particulier celui des énergies renouvelables suite à l’accord de Paris, il est précisé qu’une 4e édition du plan climat est devenue nécessaire  avec « un renforcement de l’action » pour la capitale en raison de « l’accélération du changement climatique… ».
Est présenté ensuite un bilan à mi parcours, soulignant que « les 3/4 des actions inscrites dans le 1er palier de mise en œuvre (2018-2020) ont été lancées et plus de la moitié ont atteint leur but… (alimentation, déchets…) ». Sont citées «  la transition bas carbone (rénovation énergétique, végétalisation, incitation aux mobilités actives etc…) » pour lesquelles il est ajouté qu’elles «sont visibles et transforment petit à petit le visage de Paris… ». C’est le moins que l’on puisse dire car cette transformation qui ne sert pas forcément Paris est pointée du doigt par nombre d’habitants et de touristes. Elle est faite malheureusement sciemment et méthodiquement. Les chiffres communiqués de réduction de 24% des émissions de gaz à effet de serre ne font référence à aucune source officielle sinon celle de la mairie ? Celle-ci liste ensuite dans ce pensum les rénovations de logements de l’habitat social (550 millions d’€ engagés en 13 ans), privé et souligne l’insuffisance sur cette période du recul du bilan énergétique (- 13 %  contre – 25% qui était l’objectif). La consommation de fuel du «  territoire » (NDLR : que recouvre ce terme ? ) aurait baissé selon le livre blanc de 46% depuis 2004 ? Depuis 2001 « la politique de mobilité durable » aurait « permis de réduire les émissions de 50% pour la majorité des polluants atmosphériques et de 42% des gaz à effet de serre. Ainsi la qualité de l’air à Paris s’améliore… » selon l’observatoire régional de la santé. Il n’empêche que ces jours derniers des mesures ont été prises par la préfecture pour réduire la vitesse maximum autorisée en raison justement d’un nouvel épisode de pollution atmosphérique ? 
Soulignant à plusieurs reprises « la pertinence des politiques menées dans le cadre du Plan Climat de Paris en matière d’adaptation», il est rappelé qu’une vigilance accrue et un renforcement de l’action » est nécessaire « … pour protéger les habitants et usagers de la surchauffe urbaine, anticiper et gérer les risques liés aux inondations, maintenir et développer la diversité et prévenir la raréfaction de la ressource en eau», (NDLR : eau qui provient en grande partie de la Seine, de la Marne et de l’Yonne).
Et de citer le Plan Arbres (2021), le Plan biodiversité (2018-2024)…, le Fonds vert d’investissement créé par la ville, le Budget municipal « évalué … au prisme des enjeux climatiques, l’Académie du climat dont on connaît les nuisances pour le voisinage et ses banderoles bariolées qui balafrent les façades de l’ancienne mairie du 4e arrondissement… Les 40 000 volontaires du climat, la Lettre du climat, les Réseaux d’entreprises et de villes mobilisées avec Paris, la Convention citoyenne pour le climat 2020 , le PCAET, le PLU bioclimatique, une coopérative carboneBleu Climat, le Pacte Paris Action Climat, l’Agence parisienne du climat,  le dispositif ERO+, le Plan Climat Air Énergie, le Climathon… Un nombre incalculable d’instances et d’actions énumérées, un salmigondis qui donne le tournis.
Dans cette révision soi disant concertée du plan climat, l’objectif recherché avec le souci de solidarité à «… l’égard des plus vulnérables… » est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030 comparées à celles de 2004 par la rénovation thermique jugée insuffisante car l’objectif 2030 est de -35%.
De longues explications sont données ensuite sur la concertation qui s’est tenue pour élaborer ce plan dans les locaux de l’ex mairie de la place Baudoyer. L’aboutissement des ces échanges et travaux ont apporté « 12 000 idées » pour « bien vivre à Paris » puis ensuite est cité un autre nombre de « 1224 idées déposées… » (?) qui devraient conduire à la mise en place d’«une campagne de communication aux multiples canaux.»  (NDLR: Un gros exercice de simplification sera alors nécessaire !).
Les thèmes soulevés et portés à la réflexion lors de la « concertation » ne sont pas anodins et présagent pour certains de modifications qui paraissent inatteignables quand d’autres peuvent être inquiétantes dans leur radicalité, « Paris ville 100% cyclable, Paris ville 100% énergies renouvelables, Paris ville refuge de la biodiversité, Paris ville zéro déchet, Paris ville 100% éco-rénovée et Paris ville adaptée » avec une volonté à peine déguisée d’avancer à marche forcée  au moyen d’une formule lapidaire reprise fréquemment dans la livre Blanc « ancrer le triptyque Plus Vite, Plus local  Plus Juste ». « Le Plus Juste » étant vu notamment comme « … la nécessaire renaturation de la ville… ». «  Le Plus Local » est traduit par la « Priorité à la végétalisation, à la piétonnisation » (NDLR: quid du danger des trottinettes, des bicyclettes et de la multiplication des terrasses restreignant l’espace piétons) et en « Priorité aux pistes cyclables. ». Quant à « Plus Juste » c’est « protéger les plus vulnérables des changements climatiques… et sensibiliser la nouvelle génération… ». Sont alors mentionnées « la végétalisation des cours d’immeubles et la pose des panneaux solaires sur tous les toits des quartiers populaires »  ( NDLR: le classement des toits de Paris par l’UNESCO semble donc s’éloigner), et « favoriser une alimentation à moindre coût »(?)
On lit dans le corps du document qu’il y a un manque de ressourceries, de « Repaire Café », de recycleries qui doivent être développés au demeurant avec de grandes enseignes. La végétalisation de l’angle des rues Saint-Martin et de Rivoli et celle du Parvis de Beaubourg sont évoquées ( l’entretien serait confié aux gardiens d’immeubles, au travers de contrats spécifiques (?)). L’idée est de végétaliser massivement la ville « pour marquer les esprits », de revoir les essences végétales les plus résistances pour les plantations à venir, de multiplier les écoquartiers, de remplacer le macadam par un revêtement naturel fixant le carbone, d’installer des tentures pare-soleil au-dessus des rues comme le font les villes méditerranéennes, d’employer de la peinture blanche y compris sur les toits des immeubles non végétalisés (?), d’utiliser en matière de rénovation des matériaux bio sourcés, de muscler le cadre réglementaire sur le volet thermique de la rénovation énergétique, de développer la géothermie et les bornes de recharge électrique, d’améliorer le rendement des réseaux d’eau (lutter contre les fuites), d’interdire enfin les rejets dits « polluants » mais de récupérer les urines… Vaste programme !
Un zoom est fait sur  l’« assemblée citoyenne » délibérative avec mandat d’un an pour ses membres (composée d’ habitants « …tirés au sort parmi les listes électorales… » participant à la construction des politiques publiques). Assemblée qui a planché sur le thème majeur du bâtiment afin de « répondre à l’enjeu de massification de la rénovation énergétique des copropriétés » et des locaux professionnels, tout en proposant un moyen d’améliorer le parcours des habitants et professionnels dans la cadre des aides à la rénovation énergétique.
La pollution lumineuse n’a pas été oubliée, ni le sujet des jardins partagés ou celui de l’agriculture urbaine et du compostage, ni celui de la production d’énergie renouvelable (photovoltaïque, récupération de la chaleur, lutte contre le gaspillage énergétique du chauffage…), pour lesquels il est demandé de sensibiliser davantage les citoyens.
À nouveau il est question de « transformer la mobilité », ce que nous appelons pour notre part « le véritable dada ou l’obsession des Verts », avec force autopartage, freefloating, véloportage, amélioration des transports en commun, utilisation de la Seine etc. Le développement des véhicules électriques (NDLR: t’appelons le très polluants dans leur phase de fabrication) est bien entendu mis en exergue.
Le tri des déchets, leur réduction et leur revalorisation restent des points importants pour une pratique de consommation plus durable allant jusqu’à revoir notre « façon de manger ». Heureusement la mairie ne nous impose pas encore ce que nous devons consommer, néanmoins il apparaitrait souhaitable de réduire la consommation d’eau en bouteille ( NDLR: Quid des traces d’antibiotiques dans l’eau du robinet?)
A notre grande surprise le sujet de la propreté est mis en avant pour « des actions de nettoyage des quartiers destinées aux enfants ».
Anticiper les besoins, profiter des synergies nationales et internationales en créant une plateforme centralisant les actions, garantir la « justice climatique » (NDLR: notion assez floue), impliquer toutes les parties prenantes, développer les EnR (énergies renouvelables), mieux collaborer pour promouvoir la transition énergétique sont les vœux formulés tout au long de ce texte. Encore faut-il trouver les financements ad hoc alors que la ville est quasi exsangue sur ce plan ? L’idée d’un nouveau fonds d’investissement ciblé est évoquée, de même que le financement participatif ou un système d’abattement de certaines taxes locales (curieuse proposition au moment ou le taux d’autres taxes s’envole ?).
Dommage enfin que ce rapport soit perclus de phrases incompréhensibles comme page 29 : «…Préoccupation qui se traduit dans l’analyse sémantique des propositions par la récurrence du champ lexical de la rénovation » ou page 47: « Pour la chaleur fatale, une étude de gisement doit être incitée y compris concernant les eaux grises. ». L’une d’elle; page 67; plus clairement rédigée a retenu toute notre attention. Nous la citons : « Permettre un déplacement plus facile dans la ville et favoriser l’exemplarité politique dans l’usage de la voiture ».  Voilà de quoi méditer!

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