Place Vendôme: le détournement du goût 

Comment a t’on pu laisser installer sur la place Vendôme une grenouille géante « le derrière en l’air » (karmit dans le muppet show) ? Il s’agit d’une structure gonflée à l’hélium de 20 m de long  dite  « Star de la foire d’art contemporain Art Basel Paris » (ex FIAC), conçue par l’artiste américain d’origine vénézuélienne Alix Da Corte,  qui est installée jusqu’à ce dimanche sur l’une de plus belles places du monde synonyme du luxe à deux pas du Louvre. Déjà à l’occasion de la FIAC, un soi-disant sapin ambigu et suggestif de 24 m avait été érigé sur cette place en 2014, fruit de la réflexion de l’artiste américain Paul McCarty.
Le tête de la grenouille est dégonflée à la demande de l’artiste. Car cette  «  œuvre » fait suite à « un incident survenu lors de la parade de Thanksgiving organisée par Macy’s à New York en 1991 » où la grenouille enquêteur s’était accrochée à un arbre dans une avenue de New York.
Tout cela fait penser à cette réflexion d’un critique d’opéra qui lors de la représentation très discutée,  il y a quelques années, de la Dame de pique de Tchaikovsky à la Bastille avait dit à propos du metteur en scène  « plus ils sont mauvais plus ils choquent pour que l’on parle d’eux !»
Autres mochetés placées dans notre arrondissement, les 3 structures métalliques brutes qui se trouvent dans le jardin du Palais Royal à l’occasion de la saison Brésil France. Réalisations des artistes contemporains José Bechara, José Resende et Raul Maurão qui selon la note de présentation  affichée sur place indique que ces pièces  » sont conçues spécialement pour dialoguer avec l’architecture classique de ce lieu emblématique. »
Bien sûr on nous expliquera que tout est affaire de goût, de connaissance artistique, de sensibilité, d’ouverture qui ne sont pas le propre de tout un chacun. Néanmoins on est en droit de s’interroger sur ceux qui choisissent  les « œuvres » et ceux qui autorisent leur installation sur l’espace public en des lieux où ils n’ont pas leur place. Nous  avons déjà eu l’exemple du bien moche bouquet de tulipes de Jeff Koon (certes un don) qui se trouve depuis 2018 dans les jardins des Champs Elysées entre le Petit Palais et la place de la Concorde… Fallait-il le mettre dans un lieu si prestigieux malgré la polémique qui courrait à l’époque quant au choix de son emplacement ?
Prochainement l’artiste JR va temporairement transformer le Pont-Neuf, confirmant l’attirance qu’ont les monuments parisiens sur les créateurs. Mais peut-on alors parler d’art au sens premier du terme ? Selon le Larousse, l’art est la « Création d’objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique ».

Difficile donc de parler d’art à propos de ces réalisations, quitte à se faire taxer de ringard. Paris mérite mieux et même si l’on veut être « en pointe », il faut éviter de massacrer certains lieux emblématiques, de choquer pour choquer, de maltraiter notre passé et le beau par du laid malgré la « bien- pensance » imposée par certains quant à ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas !

Claude Debussy ne disait-il pas que « L’art est le plus beau des mensonges »!
Retrouvons le goût du beau et surtout n’encourageons pas par notre présence auprès de ces créations l’extension de la laideur notamment dans notre arrondissement. Paris et ses sites exceptionnels doivent être respectés et n’ont pas besoin de ces apports inutiles qui nous heurtent.
Sources : Le Figaro et Le Parisien du 22 octobre 2025

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