Le musée de l’Orangerie s’intéresse à la galeriste Berthe Weill

Ouverte en 1901, rue Victor Massé prés de Pigalle, par Berthe Weill, la galerie se trouva alors au 25 de cette rue. La galeriste souhaite « s’engager aux côtés des artistes de son temps en contribuant à leur révélation puis à l’essor de leur carrière, malgré des moyens limités… Avec un enthousiasme et une persévérance sans faille, elle a été leur porte-voix et les a soutenus pendant près de quarante ans jusqu’à la fermeture de sa galerie en 1940, dans le contexte de la guerre et de la persécution des Juifs. »

« La trajectoire de Berthe Weill, un temps presque effacée, n’est aujourd’hui pas encore inscrite au firmament des marchands d’art où figurent en bonne place Daniel-Henry Kahnweiler, Paul et Léonce Rosenberg, Ambroise Vollard et Paul Guillaume. L’exposition, organisée par le Grey Art Museum de New York, le musée des beaux-arts de Montréal et le Musée de l’Orangerie à Paris, a pour ambition de mettre en lumière un pan encore méconnu de l’histoire de l’art moderne.« 

Sous le mot d’ordre de « Place aux jeunes » qui figure sur sa carte publicitaire …Berthe Weill « contribue à vendre des œuvres de Picasso avant même l’ouverture de sa galerie … »– à Modigliani…elle organise la seule exposition personnelle de son vivant en 1917 –, elle prend part à la reconnaissance du fauvisme en présentant régulièrement des expositions du groupe d’élèves de Gustave Moreau réunis autour de Matisse.« 

Elle s’engage, un peu plus tard, auprès des cubistes et des artistes de l’École de Paris dans des batailles pour l’art, pour l’éclosion de ses nouvelles formes, mais aussi contre le conservatisme et la xénophobie. Malgré les vicissitudes, son intérêt pour les jeunes artistes n’a jamais failli et c’est ainsi qu’elle a défendu farouchement des figures très différentes, dont certaines n’appartenant à aucun courant précis, et leur a donné une chance en organisant une ou plusieurs expositions. Elle promeut, en outre, nombre d’artistes femmes, sans préjugés de sexe ou d’école, d’Émilie Charmy qu’elle expose régulièrement de 1905 à 1933 et qu’elle qualifie d’« amie d’une vie », à Jacqueline Marval, Hermine David ou encore Suzanne Valadon, alors très en vue.

En 1951, à sa disparition, elle a présenté plus de trois cents artistes aux quatre adresses successives de sa galerie : outre Victor-Massé ; 50, rue Taitbout à partir de 1917 ; 46, rue Laffitte de 1920 à 1934, et enfin 27, rue Saint-Dominique. Elle a organisé des centaines d’expositions jusqu’à la fermeture définitive de sa galerie en 1940.

Cette exposition prendra place au sein d’une série, commencée en 2023 avec Modigliani, un peintre et son marchand, consacrée au marché de l’art, qui a pour ambition de mieux faire connaître les mécanismes de l’émergence des avant-gardes du XXe siècle et les personnalités, souvent remarquables, qui en forment les rouages. L’exposition invitera à découvrir la carrière et la personnalité de la marchande au travers de sa contribution à l’avènement de certains des moments que l’histoire de l’art a retenus. Elle retracera également la vie d’une galerie dans la première moitié du XXe siècle dans sa continuité et ses péripéties. Une centaine d’œuvres, peintures, sculptures, dessins, estampes et bijoux, évoqueront les expositions que Berthe Weill organisa et le contexte historique dans lequel elles prirent place. Les œuvres de Pablo Picasso, Henri Matisse, Diego Rivera, Amedeo Modigliani côtoieront ainsi, comme à la galerie B. Weill, celles d’Emilie Charmy, de Pierre Girieud, d’Otto Freundlich, formant le portrait d’une femme et de son action.

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