Une forêt urbaine déjà en danger

Dans un article du Figaro daté du 24 juin et intitulé « Devant l’Hôtel de Ville, à Paris, une forêt urbaine en trompe l’œil« , Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec architectes et cofondateurs du collectif «Aux arbres citoyens». que nous avons déjà cités dans nos articles analysent alors qu’une inauguration officielle des lieux vient d’être organisée, les premiers résultats de la « forêt urbaine » installée sur le parvis de l’Hôtel de ville. rappelant qu’il s’agit de  l’un des projets emblématiques de la seconde mandature de la maire de Paris. Ouverte au public depuis le 21 juin, les auteurs de l’article placent d’abord les choses à leur juste mesure. Selon eux ce sont en fait  » l’implantation de deux bosquets, d’une surface totale de 1000 m2, de part et d’autre du parvis dont un quart de la surface a été végétalisé, soit au total environ 2500 m2. D’un point de vue technique, il est en effet plus juste de parler de bosquet, car la superficie plantée ici est bien inférieure à ce qui est généralement considéré comme une forêt, même en milieu urbain. »  Un point de sémantique que nous avions souligné dans l’article paru lors du lancement des premiers coups de pioche du chantier. Pour eux il est dommage que ce projet n’ait pas fait l’objet d’un concours alors que le budget atteint une somme significative (6  millions d’€ !).

Au final du fait du parking situé juste en dessous ne sont réellement plantées en pleine terre que « deux bandes étroites, le long des anciennes fontaines aujourd’hui végétalisées… La majorité des végétaux ont donc été plantés sur une fine dalle en ciment armé, simplement recouverte d’une couche géotextile, d’une structure en plastique et d’une faible quantité de terre rapportée par-dessus, créant une sorte de talus. »  Les auteurs de l’article Ajoutent que le travail parait précipité par la nécessité sans doute de  communiquer sur cette réalisation au plus tôt. Ce constat n’est pas sans conséquence, « aucune réserve d’eau en cas de canicule, une irrigation a été installée qui crée déjà des problèmes visibles d’évacuation, avec des flaques d’eau boueuse… la terre située au-dessus de la dalle glisse logiquement sous l’effet de son poids et encombre les égouts, qui ne semblent pas avoir été réaménagés, ni les avaloirs d’ailleurs… »  Les sujets plantés proviendraient des pépinières allemandes et néerlandaises …des sujets de haute taille (jusqu’à dix mètres), fort coûteux, dont certains commencent déjà à décliner… ».

Certaines espèces retenues « sont des espèces non indigènes dont le bénéfice sera très faible en matière de biodiversité pour la flore et la faune locales. » Même la période de plantation retenue jusqu’en juin n’est pas le bonne (avril étant un maximum). « Les érables normalement pourpres, restés en attente de plantation, sont déjà presque brûlés. »  Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec estiment  » qu’une bonne partie de ces arbres ne survivent malheureusement pas au-delà de quelques années » et ajoutent « L’objectif de la mairie de rafraîchir l’espace et d’offrir ombrage et bien-être aux usagers paraît largement irréaliste dans la mesure où l’évapotranspiration des arbres aura beaucoup de peine à exister dans un espace aussi réduit et un environnement aussi minéral.« 

En résumé la forêt c’est un temps long. Devant l’Hôtel de ville ce sera vraisemblablement  « une durée de vie assez faible . »  Ce qui aux yeux des auteurs de l’article « est regrettable » car » l’argent du contribuable parisien » sert « à financer des projets non durables et très coûteux, qui n’ont que peu à voir avec l’écologie et qui semblent avant tout des vitrines au service d’un agenda politique. »

Nous avons ici souvent souligné les effets pervers d’un dogmatisme excessif. Cet exemple de forêt urbaine, voulue aussi tel un caprice, en est une illustration flagrante

 

 

 

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