Sur son site paris.fr et sous le titre « Paris est à la fête tout l’été, à vous de jouer…que le fête commence », la municipalité fidèle à son engouement viscéral pour la fête permanente dont on a vu hélas le résultat lors de la fête de la musique, donne le la d’un été qui sera chaud mais qu’elle souhaite encore plus chaud. Elle ajoute avant de présenter le détail des festivités concoctées » Vous êtes prévenu : un programme joyeux vous attend jusqu’à la rentrée ! » Une façon de faire oublier la morosité, l’endettement de la ville, de bercer les incrédules d’illusions et qui essaie de commencer à préparer les prochaines élections municipales avec des paillettes estivales. Si les événements bon enfant sont cités (bals, spectacles, compétitions sportives et l’incontournable plongeon hyper coûteux dans la Seine, le tour de France à Montmartre …), Paris en Seine est mis en avant avec des animations dans chaque arrondissement (Kiosque en Seine, notamment dans le Square du Temple) sans oublier le feu d’artifice somptueux du 14 juillet (1000 drones annoncés cette année) et Paris Plage.
Amusé les habitants qui ne partent pas tous en vacances et les touristes, voilà qui donne le ton d’un été animé avec à la clé du bruit et encore du bruit, des insomnies pour les non fêtards (« les gens raisonnables ») et plus de saletés à ramasser pour les équipes de nettoyage qui du fait des vacances sont en effectif réduit donc avec plus de travail au final. Les équipes dédiées n’en peuvent plus de la densité de fête organisées avec leurs multiples conséquences. Tout est fait pour aboutir à une situation de sur tourisme (*) déjà bien engagées. Les touristes sont à date plus nombreux que l’an passé pourtant une année où les JO approchaient. Ce qui fait fuir les habitants qui ne retrouvent plus la sérénité attendue dans leur vie quotidienne à Paris.
Et puis dans le contexte international actuel où s’entrechoquent pour nous Français et Parisiens, la guerre dans plusieurs pays avec les souffrances de ceux qui les subissent, les tensions diplomatiques, les aléas climatiques, un mur de dettes, l’instabilité politique, la morosité économique, la remontée du chômage, la forte insécurité, il peut apparaître de bon ton de faire oublier par la fête tout ce quotidien. Mais rien ne le gomme au final et certainement pas en imposant à notre capitale et à ses habitants des festivités à tout bout de champ.
(*) Rappelons à ce sujet la définition que Jean Mistler donnait déjà au tourisme déjà en 1976 dans son ouvrage Bon poids » Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. » Philippe Meyer (Portraits acides et autres pensées édifiantes), plus dur, ajoute “Un touriste se reconnaît au premier coup d’œil. C’est un individu habillé d’une manière telle que, s’il se trouvait dans son propre pays, il se retournerait dans la rue en se voyant passer.”