Se fondant sur une étude de l’APUR (atelier parisien d’urbanisme), la mairie de Paris souhaite s’attaquer à la vacance commerciale sur le boulevard Saint-Michel où les locaux à louer sont légion (et ce boulevard n’est pas la seule rue concernée malheureusement). Mettant en avant la concertation avec les propriétaires pour relancer l’artère qui se meurt sur le plan commercial, l’équipe municipale n’hésite pas parallèlement à agiter le bâton « La Ville a par ailleurs activé une taxe sur les friches commerciales pour inciter les propriétaires à remettre sur le marché les locaux vacants. Les locaux commerciaux qui demeurent inoccupés sur une longue durée seront en effet taxés avec un montant progressif. »
Le communiqué de presse du 19 juin par lequel la ville décrit la situation et le mode opératoire pour y remédier détaille les raisons listées par l’APUR de cette situation résumées par l’expression « mutations profondes » à savoir « spéculation foncière accrue, difficultés pour les librairies face aux géants du e-commerce, baisse de fréquentation des étudiants mais aussi recul des enseignes traditionnelles au profit de la fast fashion. »
En réalité au-delà des changements de consommation (sites de vente à distance notamment), nous avons là le résultat de la politique menée depuis des années par la municipalité qui a encalminé bien des rues (voir détail infra) auparavant très commerçantes (citons le cas emblématique pour Paris Centre de la Rue de Rivoli) et où aujourd’hui on peine à trouver des commerçants souhaitant prendre le risque de s’installer car la circulation est interdite ou rendue difficile.
La ville a favorisé les bistrots et n’est pas intervenue pour combattre cette mono activité (soutenue abondamment pendant le Covid) ou celle du prêt à porter qui a fleuri partout et est aujourd’hui à la peine. Elle n’a jamais proposé de réglementer les loyers pour permettre à des commerçants de rester dans leur boutique (cela a pourtant eu lieu pour les loyers d’habitation). Elle n’a pas développé les rachats temporaires de commerces de bouche qui participent à la vie de quartier via des sociétés d’économie mixte (SEM) permettant aux commerçants qui s’installent de payer des loyers plus modérés avant de reprendre en direct le lead quelques années plus tard, la SEM s’effaçant alors. A une époque cela était pourtant pratiqué par la mairie. le boucher de la rue des Gravilliers, le parfumeur à l’angles des rues Pastourelle et des Archives ont pu s’installer grâce à ce montage.
La municipalité désormais plus que jamais consciente de ce problème, curieusement à l’approche des élections, commence à bouger… Elle parle de dialogue. Nous savons ce que cela signifie ! Elle parle aussi d’établir « une charte d’occupation commerciale », là encore nous savons que cela ne sert pas à grand-chose. Elle reprend ce qui est déjà dans les tuyaux du législateur (taxe sur les colis, encadrement de la fast fashion…) et d’une « taxe sur les flux de livraison, ainsi qu’un meilleur encadrement de leur occupation de l’espace public. » Sur l’occupation de l’espace public, ce n’est vraiment pas à cette mairie de donner des orientations, chacun peut constater au quotidien ce qu’il en est devenu avec les terrasses grignotant année après année de plus en plus de mètres carrés ou les privatisations fréquentes qui sont autorisées (défilés de mode, tournages de films …) condamnant ainsi l’accès de ces espaces aux Parisiens.
Dans sa déclaration reprise dans le communiqué de presse cité plus haut, l’adjoint de la Maire de Paris en charge du commerce indique : « Le boulevard Saint-Michel est emblématique de ce qui se joue aujourd’hui dans de nombreux quartiers de Paris et ailleurs : une mise sous pression du commerce de proximité, pris en étau entre loyers inaccessibles, spéculation foncière, plateformes de livraison et fast fashion ». N’est ce pas la mairie qui a mis en partie sous pression les commerçants ? Restrictions de circulation, embouteillages, anarchie des bicyclettes, réduction du nombre de places de stationnement, saleté, développement effrénée du tourisme, fête permanente favorisant les bistrotiers, travaux constants…n’ont ils pas eu, eux aussi, raison du basculement de l’activité commerciale et du constat tardif qui en est fait par nos édiles ?