De tous côtés nous est montré et démontré que la situation économique n’est pas bonne dans le monde en Europe et particulièrement en France. Le ralentissement de la croissance chinoise, les conflits en Europe et au Moyen Orient en seraient les causes principales. Oui mais aggravée dans notre pays par le projet de budget soumis aux parlementaires par le gouvernement dans lequel seraient davantage taxés les entreprises et les particuliers. Quant aux communes et aux départements ils tirent la sonnette d’alarme sur leurs difficultés financières. Voilà effectivement des informations peu réjouissantes qui pèsent sur le moral déjà morose des Français et ajoute au pessimisme ambiant que les plans de licenciement annoncés récemment ne font que renforcer.
Certains commentateurs, malheureusement si peu au fait de l’économie, ajoutent que tout cela tombe sur la tête des Français subitement! Ils se saisissent des possibles effets négatifs sur nos économies de l’élection du nouveau président américain pour exacerber l’inquiétude de tout un chacun, alors que nous sortons à peine de la « parenthèse enchantée des JO « , l’arbre qui cachait la forêt. Sur un petit nuage nombre de nos concitoyens ont dû malgré eux redescendre sur terre.
Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour percevoir ce qui se tramait depuis des mois déjà. Ainsi dès la mise en place des PGE (prêts garantis par l’Etat) lors de la pandémie du Covid, le ver était dans le fruit. En effet, bien des entreprises et des commerces n’étaient pas alors dans une situation florissante, ces prêts ont été alors une manne, leur planche de salut. Planche de salut toute relative car tout prêt doit être remboursé et tôt ou tard l’évidence apparait, il faut mettre la clé sous la porte. C’est ce qui se passe depuis quelque temps et actuellement pour bien des commerces (dans nos rues les magasins changent de propriétaires ou restent à louer pendant des mois), des entreprises artisanales, des ETI PME et des PMI voire des groupes importants. Il faut savoir d’ailleurs que les PGE non remboursés sont à la charge des contribuables c’est-à-dire nous tous.
De même la situation politique que nous connaissons et l’instabilité fiscale qui en résulte, une grande constante française souvent critiquée par les investisseurs étrangers et les entrepreneurs de notre pays, n’est pas propice à investir. Elle provoque un attentisme néfaste pour les affaires, une arrêt des investissements et la compression des coûts. Près de la moitié des investisseurs étrangers en France (49%) déclarent avoir réduit ou reporté leurs projets d’investissements à la suite de la dissolution, même si aucune entreprise n’a annulé ses projets, selon une étude d’Ernst & Young publiée lundi 18 novembre. Cette situation a pour conséquence de rendre le marché de l’emploi atone et d’entraîner des licenciements qui peuvent aller jusqu’à des plans sociaux (180 plans seraient en cours représentant 100 000 emplois selon certaines sources syndicales), abaissant davantage encore le moral des Français incités en conséquence à épargner plutôt qu’à consommer.
Ainsi l’INSEE vient de publier des statistiques où apparaissent 25 000 suppressions de postes au cours des 3 derniers mois et d’autres sont attendues…ajoutant que tous les secteurs d’activité sont touchés, plus particulièrement la construction (les mises en chantier de logements neufs sont au plus bas depuis plusieurs années), l’automobile (la date d’échéance de la fin des moteurs thermiques décidée à Bruxelles est de plus en plus contestée), les services pourtant jusqu’à présent préservés. L’intérim connait des jours difficiles, or il est un indicateur de la santé économique du pays pour les mois à venir. Dans ce tableau n’oublions pas les efforts menés pour développer l’apprentissage (primes à l’embauche) parallèlement à la baisse des charges sur les bas salaires. Efforts louables mais qui aujourd’hui reviennent en boomerang car cela a coûté très cher à l’Etat alors que l’activité économique n’a pas suivi au même train les créations de postes engendrées par ces mesures. La productivité qui aurait dû en découler n’est en réalité pas au rendez-vous.
Compte tenu de la montée du chômage qui en résulte, il faut espérer une baisse des taux d’intérêt qui rendront les emprunts moins chers tout en soutenant davantage l’innovation à l’instar des pays qui connaissent une croissance créatrice d’emplois. Le paradoxe pour notre pays et nous le constatons dans bien des activités à Paris, est d’un côté un chômage élevé, 3 millions de personnes touchées et de l’autre 550 000 postes (intérim, aide à la personne, agriculture, hôtellerie restauration) non pourvus, souvent par manque de personnes qualifiées, soit 2,8% des emplois. La France manque de couvreurs, de soudeurs, d’ingénieurs… l’industrie n’attire plus les candidats. La formation dans les lycées professionnels est à revoir. Il faut arrêter les formations qui n’offrent pas de débouché et se focaliser davantage sur des cours pratiques avec du temps passé en entreprise, de manière à les rendre en adéquation avec les besoins. Se former tout au long de sa vie professionnelle du fait de l’accélération des évolutions techniques est indispensable.
Enfin il est essentiel de redonner toute son importance au travail perçu de nos jours plutôt comme un contrainte qu’un moyen de s’épanouir et Il faut mettre un frein à l’état de fête permanent qui s’est développé dans les grandes métropoles, à Paris en particulier (« Paris est une fête » titre le bulletin municipal de cet automne!). Nous n’évoluons pas dans un monde artificiel mais bien réel de compétition où le travail et l’innovation priment. Retrouver le sens du travail est indispensable dans le contexte économique, financier, politique, européen et international que nous vivons.