Une pléthore de commentaires tombe depuis l’instauration effective dans le centre de Paris de la zone à trafic limité (ZTL). L’entente entre la mairie de Paris et la préfecture de police sur cette zone de 5,5 km2 qui couvre les secteurs s’étendant de la Bastille à la place de la Concorde a permis de déboucher sur l’interdiction de circulation des véhicules dits « de transit », 2 roues compris. C’est-à-dire que ces véhicules qui ne font que passer par ce secteur pour se déplacer devront emprunter un autre trajet. Si l’idée est de diminuer la pollution atmosphérique, le bruit et le trafic, il est évident que cette pollution et le trafic se reporteront sur d’autres voies dans d’autres quartiers parisiens.  Il est illusoire d’imaginer que les automobilistes abandonneront la voiture, de sorte que les embouteillages encore plus nombreux aggravant la pollution  sont à craindre, d’autant plus, nous l’avons souligné à maintes reprises, que l’offre de transport en commun n’est pas à la hauteur des besoins.  Mais la finalité de cette décision peut être aussi celle de faire du centre de Paris le secteur par excellence de la capitale dédié à la fête.
Les commerçants font savoir qu’ils sont mécontents et craignent un baisse de leur chiffre d’affaire à l’instar de leurs collègues de la rue de Rivoli déjà pénalisés une première fois, selon les professionnels, par la fermeture de l’artère à la circulation au moment du Covid. Voie de circulation désormais des plus dangereuses pour les piétons car soumise à l’anarchie des bicyclettes.  Le maire de Paris Centre affirme toutefois que l’interdiction des véhicules de transit n’empêchera pas les clients de se déplacer en se fondant sur les statistiques datant du 1er trimestre 2024 publiées par l’Apur (*) précisant que « …88% des clients des commerces de Paris Centre se déplacent à pied ou en transport en commun ». Le BHV qui n’est pas dans une forme éblouissante n’a pas caché qu’il avait été pénalisé par la fermeture à la circulation de la rue de Rivoli.
Les mots ne manquent pas aux commerçants pour dénoncer la décision de créer cette ZTL sans doute prélude à des opérations identiques dans d’autres arrondissements, « une catastrophe », « la ghettoïsation du centre de Paris »,  c’est « tuer le commerce de proximité » déjà affecté par la fermeture des rues le 1er dimanche de chaque mois (Opération « Paris respire »), «un massacre»… Ces derniers annoncent vouloir intenter une action judiciaire contre la mairie qui de son point de vue reste persuadée qu’une baisse du trafic se produira « alors que le centre de la capitale n’a jamais été aussi attractif » (hausse de la fréquentation et peu de commerces vacants est il précisé en réponse par la mairie).


Nos élus savent que le sujet est brûlant et peut exploser du côté des commerçants qui s’organisent et vont donc se battre. Aussi la mairie tente t’elle de tempérer en spécifiant employer la méthode douce…. Elle dit prendre le temps pour de la pédagogie (mise en œuvre sur 6 mois avant de passer à la phase répressive. Elle distribue des macarons aux habitants et aux commerçants (macarons qui existent déjà pour les résidents ?). Elle délivrance des QR codes et dispense de justificatif les artisans et commerçants…Ce ne sera pas suffisant pour apaiser la colère. 

Tout cela respire l’usine à gaz, nécessite d’engager des dépenses. Or Paris et son centre ne sont pas adaptés à cette évolution.

Pendant ce temps la saleté n’est absolument pas éradiquée loin de là après un petit espoir de prise en main de courte durée pendant les JO, les cars de tourisme moteur tournant stationnent à nouveau dans nos rues, les sens de circulation des rues sont modifiés en grand nombre (?) ou bien ces dernières sont piétonnisées, les cyclistes (et encore des trottinettes) font la loi sur les passages piétons ne respectant que très rarement les feux tricolores et les « stop » se moquant de ceux qui se déplacent à pied, la lutte contre le bruit (généré par les consommateurs des bars en particulier) est au point mort. Quant aux déjections canines et aux épanchements d’urine, rien n’est entrepris. Alors ghettoïser le centre de Paris est-il bien réaliste et nécessaire comme si tous les quartiers et les habitants qui le composent devaient être mis à l’écart du reste de la capitale ? Curieux de la part de ceux qui prônent intégration et diversité.

 

(*) L’Atelier parisien d’Urbanisme est une association à but non lucratif créée par la Conseil de Paris en 1967 dont le but est l’étude et le dialogue avec les grands acteurs de Paris et de la Métropole du Grand Paris sur les sujets des évolutions urbaines et sociétales. Elle compte 29 membres parmi lesquels la mairie de Paris et Paris Habitat (Source Wikipédia).