Faut-il développer davantage encore la vie nocturne à Paris ?

Sous le titre « L’animation nocturne des villes, un potentiel à conforter », la Newslettter No 10 du Conseil de la nuit, c’est-à-dire la mairie de Paris,  fait le panégyrique des activités nocturnes qu’elle encourage et promeut.  Cette étude rédigée par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Ile de France (fondation créée en 1960 par le ministre de l’équipement pierre Sudreau) est inspirée de différents travaux et rapports (*) sur lesquels nous nous sommes exprimés en son temps. Ces études le plus souvent font peu de cas des habitants riverains et Parisiens à qui la fête est imposée. Ainsi est-il écrit « l’importance des activités de la nuit témoigne de l’intensité de la vie culturelle, festive et de loisirs de la région-capitale, ces usages nocturnes sont pratiqués autant par les Parisiens, les Franciliens, que par les touristes. La nuit constitue ainsi un levier méconnu du développement culturel, économique et touristique, que les territoires doivent encore s’approprier pour favoriser l’essor de la filière ».
Aussi lit-on au fil des lignes de ce  document que « l‘animation nocturne des villes est un potentiel à conforter…, ces lieux de proximité  contribuent au dynamisme de la vie de quartier…au renforcement de lien social et à la création d’emplois... ». Sont tour à tour cités dans le rapport le référents de nuit, le conseil de la nuit qui deviennent sous la plume du rédacteur « les reflets d’une reconnaissance croissante  par la pouvoirs publics de cet espace-temps singulier….« ? Des conjectures sont ensuite exprimées afin de déterminer à quel moment débute la nuit et quand elle se termine,  en associant pêle-mêle les musées les cafés les bars les restaurants les théâtres, l’Opéra, le Grand Rex , la Bellevilloise (curieux amalgame lorsque l’on sait combien les riverains sont perturbés par ce voisinage), les « tiers lieux »,  les friches  (« qui abritent un bouillonnement culturel et festif« ) qui contribuent, est -il spécifié, à attirer aussi bien les Franciliens que les « city breakers ». Le rapport semble regretter que Partis qui attire tant de touristes ait « un ADN  moins festif que Barcelone, Berlin, Londres ou Amsterdam…? »  C’est un point de vue que nous pouvons ne pas partager!
Affirmer aussi que » le territoire  s’approprie de plus en plus la nuit...  » reste à étayer dans les « petits villages » comme il est pourtant indiqué, En revanche déclarer que la « nuit festive est un enjeu de transversalité des politiques publiques … mobilisant à la fois les champs de l’économie, de la culture, du tourisme et du marketing territorial, de la sécurité, de la santé, des transports et de l’aménagement  » repose sur une réalité criante. Une minorité au prétexte de s’amuser peut-elle tout imposer à une majorité qui d’ailleurs n’est pas opposée à la vie nocturne mais souhaite disposer, par une réglementation adaptée, du sommeil réparateur dont elle a besoin physiologiquement. Majorité qui s’inquiète de plus en plus de la montée de l’alcoolisme chez les jeunes, au-delà des effets indirects de la vie nocturne à savoir la malpropreté.
Ne nous y trompons pas les conséquences induites de la situation actuelle développée par  trop de vie nocturne ne sont pas uniquement positifs, loin s’en faut… Si la nuit génère selon le rapport de l’activité économique et de l’emploi (les données sont peu précises, anciennes, voire inexistantes), elle engendre aussi des effets négatifs comme les conflits d’usage dans les quartiers dits festifs, la montée des prix de l’immobilier, l’occupation de l’espace public, les locations touristiques toujours plus nombreuses et des coûts induits à la charge habitants, tels que la circulation des transports en commun la nuit, la surveillance, la sécurité, l’assistance, la prévention et les soins prodigués à ceux qui abusent de l’alcool sans oublier les moyens alloués pour combattre la malpropreté…
En conclusion de ce rapport repris la par la newsletter, il est souligné combien les tenants de la vie nocturne veulent développer et valoriser plus encore les événements en disposant de réglementations plus favorables de telle sorte qu’existe une vraie filière,  c’est-à-dire des chartes adaptées, des conseils spécialisés et des élus dédiés à la vie nocturne. Quelques allusions sont faites toutefois à la prévention et à la régulation. Mais finalement, alors que le rapport conclut « la nuit est un monde de découvertes, de rencontres, d’insouciance mais aussi de conflits« , alors que de nombreux riverains n’en peuvent plus du développement à marche forcée de la vie nocturne, tout ceci ne se résumait-il pas finalement à une histoire de gros sous ?
(*) Etudes de l’Atelier parisien d’Urbanisme , le Rapport de 2015 commandé par l’ancien ministre des affaires étrangères avec ses 22 propositions pour faire de la vie nocturne  un facteur d’attractivité,  l’Eurocouncil…

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