Il est très étonnant et déplaisant de constater, à l’approche des élections municipales, combien le bilan que les élus tirent de leur action est présenté comme étant extraordinaire voire idyllique. Nous sommes dans une société où la communication prime avant tout. Dans la presse écrite, sur les chaînes de télévision, à la radio ou lors de discours lénifiants, chacun entonne son credo, se met en scène pour lister ses réalisations, les améliorations dont il est l’initiateur et omettant bien entendu tout ce qui n’a pas fonctionné, tout ce qui a été raté et surtout ce qu’il a « oublié » de mettre en œuvre. Mais ne sommes-nous pas dans une société où la communication prime sur tout ?
C’est ainsi que les dossiers qui gravitent autour de la végétalisation, de la lutte contre la pollution de l’air et du « social utilisé au sens très large » sont exagérément mis en avant. En revanche les actions contre la malpropreté, l’insécurité, les nuisances nocturnes (en particulier le bruit, l’occupation illicite ou extensive de l’espace public avec la multiplication des terrasses) et des déplacements facilités sont allègrement passés sous silence sinon tout juste évoqués.
Bien sûr, et nous le savons, tous les candidats aux élections, quels qu’ils soient, multiplient les annonces qui sont faites pour plaire à une majorité d’électeurs. Ensuite advienne ce que pourra, c’est-à-dire que la plupart des promesses tombent aux oubliettes. Sur ce plan cependant les mentalités évoluent, les électeurs sont davantage informés. Ils ne veulent plus subir mais plutôt participer. Il n’est plus dans l’air du temps de leur raconter des bobards, ils ont conscience de ce qu’il est possible de faire, possible de ne pas faire et surtout des priorités dans les actions à mener. C’est en ce sens sur ce plan que le bât blesse. En effet.trop souvent, pour des raisons de convictions personnelles, idéologiques ou opportunistes, les chantiers engagés par les élus sont aux antipodes de ce qui est attendu par les électeurs, faute de les écouter, faute de se remettre en question, faute de mettre en place une participation des habitants digne de ce nom.
Les Parisiens n’ont que faire des bilans et de toutes ces annonces qui fleurissent ici et là. Ce qu’ils attendent ce sont des réponses concrètes à leurs préoccupations quotidiennes, notamment dans nos quartiers malmenés par la malpropreté, la fête permanente avec ses nuisances et les effets négatifs induits par l’explosion des locations saisonnières pour lesquelles des mesures bien insuffisantes et trop tardives ont été engagées.
Alors louer son action au travers de satisfécits que l’on s’attribue à soi-même est une certaine forme d’impudence et de gloriole. L’électeur a de la mémoire, point n’est besoin de lui rappeler l’action passée. Il est davantage tourné vers l’avenir et attend, en demandant de participer à leur élaboration, que des solutions soient apportées à ses préoccupations pour sa ville, pour son quartier, pour sa rue, pour son quotidien.