La végétalisation en question du Grand Paris

Les projets de végétalisation ne manquent pas dans les parcs, les jardins publics, pour la place de la Concorde ou concernant les Champs Elysées. A croire, sur fond de campagnes acharnées visant à supprimer l’automobile du périmètre, que dans quelques années Paris et sa périphérie ne seront plus qu’une immense forêt parsemée de pistes cyclables menant aux principaux monuments, à son habitation ou dans les lieux souhaités.

Donner ou même redonner la place à la nature pour faire face au dérèglement climatique est louable mais attention à l’excès sous prétexte de « … réorganiser les espaces de la capitale afin que ses habitants se les réapproprient  » (Anne Hidalgo) ! ou de « réenchanter la plus belle avenue du monde » (Président du Comité des Champs Elysées). Les déclarations en tous genres ne manquent pas. Installer des salons végétaux sur certains axes tous les 150m, des corridors de fraîcheur,  développer les fosses de Stockholm (c’est-à-dire conserver les eaux de pluie), limiter le minéral aux maximum (voir cependant le réaménagement raté de la place de la République).  La hausse des températures conduit effectivement à devoir trouver les moyens pour la limiter et rafraîchir l’air.

La préconisation des experts (consultés au sein d’une commission présidée par l’ancien ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon) de restituer les anciens fossés de la place des la Concorde pour y planter des arbres est une idée intéressante. Faut-il pour autant végétaliser la moitié de cette place chargée d’histoire qui est déjà bordée sur un côté par le jardin des Tuileries et sur un autre par ceux des Champs Elysées ?

Certes les « forêts urbaines », au même titre que les « coulées vertes » ou les friches progressivement réhabilités (nous parlons de celles pour s’y promener paisiblement et non pour y faire la fête) sont à la mode. Rappelons que les aménagements « verts » réalisés au cours des siècles passés, notamment par Alphand sous le 3e empire (24 squares créés et d’autres existants mis en valeur), répondaient eux aussi à une problématique de santé publique que l’on a seulement un peu oubliée entre temps et que viennent de nous rappeler les fortes chaleurs des dernières années.

Dans ce contexte et malgré le manque de logements, maints édiles et décideurs sont de plus en plus confrontés au besoin de consacrer davantage d’investissements pour les espaces verts (au bord des infrastructures, voire le long des voies ferrées par exemple). Il est souvent reproché aux Français, en comparaison aux espaces verts significatifs dont disposent d’autres capitales et grandes villes, d’avoir sacrifié le vert au profit de leurs quartiers historiques. Sans être dans l’excès disons que verdir n’a pas été pendant longtemps un argument électoral porteur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, le magazine américain Forbes vient d’ailleurs récemment de distinguer (ainsi que 50 autres personnes de par le monde) la Maire de Paris « pour son action réelle contre la crise climatique« .  Partout désormais, y compris dans le Grand Paris des actions de création ou d’extension des espaces verts sont lancées et menées.  Montrouge, Aubervilliers sont citées en exemples.  Cependant il faut respecter les lieux chargés d’histoire (le projet de végétalisation de la place du Louvre poussé par les élus tarde tant le lieu, face aux colonnades du Louvre, doit être est protégé) et ne pas faire n’importe quoi. Aussi, comme l’écrit Le Figaro du 6 septembre, est-il bien raisonnable, comme semble en prendre le chemin le dossier, de bétonner l’ancien hôpital la Rochefoucauld offrant pourtant 8 420 m2 d’espaces verts ?  Un cas qui montre que l’ambivalence demeure entre les bonnes intentions, les promesses  de campagnes électorales, les affirmations  péremptoires et la réalité…

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