L’artisanat ne doit pas disparaitre du centre de Paris

Dans un manifeste émanant d’une organisation artisanale professionnelle,  récemment placardé sur les murs de Paris, ses rédacteurs introduisaient leurs discours par cette supplique à propos de leur métier en danger « Ne laissons pas mourir une part aussi belle de notre patrimoine ». Car il s’agit bien de dénoncer la disparition d’un patrimoine qui se délite petit à petit comme on le constate dans nos quartiers. Dans le centre de Paris en effet quelques ateliers subsistent mais la plupart des argenteurs, orfèvres, doreurs, joailliers, ébénistes, estampeurs … ont laissé la place à des commerces plus actuels dévorés par la spéculation immobilière. Des changements  significatifs se sont produits depuis quelques décennies, l’évolution de la consommation et ses habitudes nouvelles, le souhait de l’instantané, la préférence du jetable au durable, la recherche du prix le plus bas qui privilégie la fabrication industrielle à la fabrication artisanale, la valeur travail souvent délaissée, le désintérêt de jeunes successeurs potentiels, une réglementation et des charges diverses de plus en plus pesantes.  Des efforts ont pu être faits ici ou là via des SEM (Sociétés d’Economie Mixtes) de façon à soutenir financièrement des repreneurs et maintenir une activité dans tel ou tel quartier. Sont aussi organisés périodiquement des parcours réservés au public afin de lui faire découvrir ces métiers. Des écoles enseignant ces professions existent mais doivent multiplier leurs efforts pour recruter car l’engouement s’est étiolé peu à peu.
Difficile de prédire ce qui arrivera à terme mais parlera t’on encore de plumassiers, de restaurateurs d’éventails, de chapeliers ou de bouchers dont le rythme des fermetures s’est dramatiquement accéléré ? Rien n’est moins sûr… si l’on continue à sacrifier l’artisanat aux logiques industrielles.

Redonner le goût pour ses métiers pourtant nobles est important. Encore faut-il que le consommateur joue le jeu et comprenne qu’il s’agit d’un héritage, de notre histoire et d’un savoir-faire à préserver que le monde nous envie.

Lorsqu’il était ministre Lionel Stoleru, disparu voilà 2 ans, avait encouragé le développement de ces petites entreprises regrettant qu’elles ne fussent pas assez orientées à l’international. Il y a besoin effectivement d’une volonté politique forte et de tout faire pour promouvoir ces métiers rangés dans la catégorie de « manuel » par opposition à « intellectuel », ce qui, dans l’inconscient collectif, a conduit à une forme de disqualification des uns par rapport aux autres.

Il est plus que jamais temps que ces métiers recouvrent toute leur valeur et redeviennent attractifs mais cela demandera du temps.

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