Le fléau parisien des mégots

En 2015 la mairie de Paris avait lancé une vaste campagne de prévention contre les jets de mégots sous la houlette de Mao Péninou alors adjoint en charge de la propreté. Les camions bennes à ordures arboraient de grandes affiches destinées à attiré l’attention des fumeurs sur cette pollution rampante. La campagne rappelait que 350 tonnes de mégots étaient ramassés chaque année et qu’un mégot passant dans les égouts polluait 500 litres d’eau car il contenait près de 4 000 substances chimiques ! Des cendriers ont été accolés aux corbeilles installées sur les trottoirs. Cette action avait apporté quelques résultats. 
Mais 10 années sont passées depuis et il faut remettre l’ouvrage sur le métier malgré la baisse du nombre de fumeurs et le développement de la cigarette électronique. En effet dans sa communication sur Paris.fr, la mairie de Paris donne quelques chiffres impressionnants, « 4 à 5 millions de mégots de cigarettes sont jetés chaque jour dans les rues, soit près de 2 milliards par an… » Elle qualifie à juste titre cette pollution impressionnante de « fléau » soulignant que « 60% des cigarettes fumées  dans l’espace public finissent par terre. » L’impact sur l’environnement et la propreté est indéniable. Une prise de conscience des fumeurs est nécessaire. Ce d’autant que le coût estimé pour éradiquer tant que soit peu ce problème récurrent est de 10 millions d’€ par an. Coût supporté par les habitants.  
Pour essayer d’endiguer le phénomène la ville a pris plusieurs mesures. Elle va davantage verbaliser les personnes prises sur le fait par la police. L’amende pour jet de mégot dans la rue qui est interdit est de 135€ ( amende de 4e classe). Elle va  distribuer gratuitement, via les bureaux de tabac ou au travers d’actions spéciales sur les sites les plus fréquentés durant l’été, 400 000 cendriers de poche. À titre de prévention aussi seront disposés sur 177 points cibles des clous face aux bouches d’égout, sur les trottoirs, les rues commerçantes, certains établissements d’enseignement… avec le message « Ici commence la Seine ». Une lettre sera adressée aux exploitants de bars avec terrasses afin qu’ils mettent des cendriers à disposition des clients.  Nous doutons de l’efficacité d’une telle mesure. Dans la même veine, des cendriers seront distribués aux immeubles de bureaux ou l’on voit il est vrai les fumeurs parfois agglutinés aux heures de pose… Il en sera ainsi aussi pour les organisateurs d’événements.  Une opération « corbeilles munies de cendriers » sera reconduite comme il y a une décennie (5 000 corbeilles concernées).
Nos élus estiment toujours en matière de prévention que le déploiement « de stands de sensibilisation … sur des sites spécifiques…des éco-animateurs en déambulation » devraient avoir une certaine portée…(?) 
Enfin, et nous sommes toujours surpris par ce type d’action, la ville compte sur les nettoyages participatifs en fournissant gants et jauges afin d’avoir une meilleure connaissance du nombre de mégots jetés. En fait ce ne devrait pas être aux habitants de nettoyer l’espace public mais aux pollueurs ou aux services dédiés de la ville. 
Si sur le fond cette opération anti mégots reste nécessaire, en espérant qu’elle limitera quelque peu cette pollution endémique par les mégots qui va à l’encontre de la dépollution de la Seine (voir notre récent article), il s’avère par ailleurs que les ministres chargés de la santé viennent d’annoncer qu’à compter du 1er juillet prochain, il sera interdit de fumer dans les lieux collectifs. Sont concernés les parcs et jardins publics, les plages bordant des eaux de baignade, les abribus et zones couvertes d’attente des voyageurs, les abords des écoles, collèges, lycées et autres lieux destinés à l’accueil, à la formation ou à l’hébergement de mineurs, les espaces ouverts et les abords des bibliothèques, piscines, stades et installations sportives. Ils rappellent que la consommation de tabac tue chaque année 75 000 personnes en France, soit plus de 200 décès par jour. Le coût social du tabac est estimé, selon le gouvernement, à 150 milliards d’euros par an (d’autres sources avancent 25 milliards), sachant que les presque 2 milliards de paquets de cigarettes vendus chaque année dans notre pays rapportent à l’Etat 15 milliards d’€ (taxes perçues ajoutées aux économies réalisées sur les retraites non versées aux fumeurs prématurément décédés ?).

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