Dans une tribune récente et remarquée du Figaro, Alexandre Gady, historien et président de l’association Sites et Monuments, ne mâche pas ses mots sur ce qu’il considère comme « l’enlaidissement de Paris » et appelle les candidats aux municipales à traiter ce sujet comme une priorité s’ils sont élus. Il souligne que pour les défenseurs du patrimoine le meilleur candidat sera celui qui passera d’une politique quantitative à une politique qualitative avec « des idées différentes et une nouvelle vision » ajoute-t-il. Il explique son propos autour de 3 thèmes.
La surdensité à l’origine des encombrements, du bruit, de la saleté a conduit la capitale à être une des villes les plus chères au monde. Il en conclut qu’il devient urgent de réduire les travaux et de « sacraliser les espaces vides et les arbres, et de ne surtout plus densifier les bâtiments existants » comme on peut le constater dans nos quartiers. Mais surtout Alexandre Gady se désole par exemple que l’on ait bétonné les Batignolles au lieu d’y aménager un parc et pointe les tours qui devraient être construites à la périphérie de la capitale, le béton l’emportant une nouvelle fois sur les espaces verts!
Le patrimoine est pour lui le second enjeu des années à venir. Manque de soins (il suffit de constater l’état de la plupart des édifices religieux couverts de filets de protection), « les besoins n’ont cessé de grandir« , une problématique ancienne qui réclame plus de moyens financiers curieusement trouvés en un instant après l’incendie de Notre-Dame, soit 50 M €, alors que 80 M€ seulement ont été dévolus pour toutes les églises parisiennes sur les 6 années de la mandature actuelle. Quid aussi de l’aménagement de l’Hôtel Dieu qui a fait fi de l’idée de créer un musée de l’œuvre de Notre-Dame comme cela avait été proposé, une occasion manquée ? Enfin sous l’expression « tourner le dos à l’histoire de Paris » qui a fait son aura, sont cités pêle-mêle le mobilier urbain (kiosques, fontaines, revêtements de sol), les nouvelles places aménagées, où tout est banalisé, impersonnel et nous pourrions ajouter sans goût et moche. Il est temps de stopper cette tendance qui défigure notre ville.
La 3ème idée développée par Alexandre Gady est la part trop importante selon lui donnée aux intérêts privés, citant les serres d’Auteuil, le circuit de voitures électriques autour des Invalides, le champ de foire qu’est devenu le Champ de Mars et nous complétons la liste avec la place de l’Hôtel de Ville continuellement occupée (qui depuis peu pourrait devenir une forêt ?). Il cite aussi La Samaritaine, le foncier des Halles, la tour Triangle…et déplore que la démocratie participative ne soit pas plus forte.
Tous ces sujets sont ceux que nous défendons nous aussi, habitants du centre de Paris, sans doute plus sensibles aux écarts constatés du fait de l’environnement patrimonial dans lequel nous vivons. Puissent les futures élections municipales, quelle que soit l’équipe qui l’emportera, redonner une ambition forte afin que Paris retrouve tout le lustre qui doit être le sien.