Le tout bicyclettes (ou presque), prôné par nos élus parisiens et leurs collègues d’autres villes françaises, pour se déplacer de façon dite « écologique » ou « douce » aurait-il du plomb dans l’aile ?
Il semble que l’euphorie post Covid fasse partie du passé. La plupart des fabricants et détaillants en effet seraient actuellement dans une position difficile. Les vélos se vendent beaucoup moins depuis quelque temps. Les magasins spécialisés font état d’une chute des ventes, certains ont déjà disparu, qu’il s’agisse des vélos haut de gamme avec assistance électrique (30% des ventes) ou autres. Le Figaro du 18 février 2025 précise que selon l’USC (Union sport et cycle) « le marché global du vélo (mécanique et électrique et accessoires et maintenance) s’est emballé de 2020 à 2022 passant de 3,0 à 3,6 milliards d’€, soit une croissance de 20%« . 2,8 millions de bicyclettes toutes catégories ont été vendues en 2021. Parallèlement et nous l’avons constaté à Paris les pistes cyclables (les fameuses « coronapistes ») ont poussé comme des champignons avec toutes les perturbations générées pour la circulation automobile et les bus. Mais depuis deux ans la baisse des ventes (excepté les vélos recyclés) tourne autour de 10 -15% selon l’USC alors qu’avant l’euphorie prévalait.
Des entreprises (marques Angell, Kiffy, Fuell et nombre de plus petites…) ont dû baisser le rideau ou se faire racheter (VanMoof repris par Lavoie) ou bien sont en redressement judiciaire (Effigear, Cargoroo). D’autres ont délocalisé leur fabrication (Mavic). Beaucoup d’entre elles ont voulu surfer sur la vague d’engouement du vélo se lançant à corps perdu dans cette activité sans expérience et sans véritable étude de marché. Trop souvent leurs cycles ont été rappelés suite à des défauts de fabrication ou de pièces, entraînant des coûts élevés pesant sur la rentabilité. Autre difficulté, durant la pandémie, le manque de pièces détachées venant des sous-traitants d’Asie a perturbé les chaînes de production et de montage. L’engouement pour le vélo étant alors déjà passé, le décalage dans la production induit par ces retards de livraison a occasionné ensuite des ventes promotionnelles qui ont accentué les difficultés du secteur pénalisé par un marché de l’occasion plutôt dynamique et la fin des aides à l’achat. Cela malgré des droits protecteurs élevés imposés par Bruxelles aux importations de vélos asiatiques.
Ainsi que le souligne l’article du Figaro cité plus haut « le vélo est redevenu un marché de renouvellement et plus d’équipement« . Les cyclistes seraient-ils déjà blasés ? Était-ce un effet de mode ? Sont-ils devenus conscients de la dangerosité de se déplacer dans les rues notamment celles de la capitale ? En ont ils assez de constater le taux anormalement élevé de vols (*) ? Et commencent-ils à comprendre qu’ils ont sauté trop vite le pas du vélo encouragés par des discours lénifiants sur la protection de la planète alors que les transports en commun sont plus sûrs et moins stressants…? D’autant que ces vélos ont un coût non négligeable pour l’usager surtout s’ils sont électriques, auquel il faut ajouter le coût de l’assurance, de l’équipement (casque…), de l’éventuelle place de parking et aussi des dégradations trop fréquentes nécessitant des réparations voire des soins prodigués en cas d’accident …
Contrairement aux dires des promoteurs de la petite reine, on peut affirmer que les vélos et les voitures ne font pas bon ménage… Après la quasi éradication des trottinettes, il sera intéressant de suivre cette évolution de l’usage du vélo.
(*) Sur 8 mois en 2022 la préfecture de police de Paris a recensé 11183 vols de bicyclettes! Chaque jour, sur la page Vélos volés Paris/Banlieue qui compte plus de 10.000 membres, plusieurs annonces de bicyclettes disparues sont postées, avec photos à l’appui. En France, ce sont en moyenne 320 000 vélos qui sont volés chaque année. On estime à 4% seulement les propriétaires qui retrouvent leurs bicyclettes. Elles partent le plus souvent à l’étranger après avoir été customisées.
