L’art dégénéré au musée Picasso

Comme le résume bien le texte lié à la présentation du catalogue de l’exposition du musée qui vient de s’ouvrir jusqu’au 25 mai prochain « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme », organisée par le Musée national Picasso-Paris, explore et met en perspective l’attaque méthodique du régime nazi contre l’art moderne. »  C’est la première manifestation consacrée à ce thème.

La propagande faite contre les artistes en 1937 à l’occasion d’une grande exposition réunissant à Berlin plus de 700 œuvres portait sur les courants en vogue à l’époque. Un écran géant installé dans une salle du musée Picasso montre « l’intérieur de l’exposition de 1937 qui aurait accueilli près de 2 millions de visiteurs« .  Nous citerons parmi les artistes alors vilipendés Otto Dix, Vassily Kandinsky, Paul Klee… et Georges Grosz dont la tableau « Metropolis » (appartenant au Thyssen-Bornemisza National Museum de Madrid) illustre cet article. Tout avait été fait alors, y compris dans la mise en scène pour dégoûter les visiteurs de ces œuvres, sachant que d’autres expositions avaient déjà été organisées  au préalable dans les principales villes allemandes à partir de 1933 pour brocarder ces avant-gardistes, « menace pour la pureté allemande. » 

On trouve « Sur les cimaises, des œuvres considérées par les nazis comme les « stigmates » d’une forme de maladie mentale, notamment l’hystérie et la mélancolie. Chez les nazis, la rupture avec l’académisme chez les artistes d’avant-garde est interprétée comme une pathologie. Le régime craint qu’en regardant ces œuvres, le public soit « contaminé » et que la dégénérescence se répande comme une peste à toute la société. Les campagnes de dénigrement et de persécution de l’art moderne s’apparentent, dans leur esprit malade, à des campagnes de santé publique pour stopper une épidémie.« !

« Entartete Kunst » s’inscrit dans le contexte d’une « purge » méthodique des collections allemandes. Plus de 20 000 œuvres, parmi lesquelles celles de Vincent Van Gogh, Marc Chagall ou de Pablo Picasso, désigné comme artiste « dégénéré » dès les années 1920 aussi bien en France, qu’en Allemagne, sont ainsi retirées, vendues ou détruites. » Etendue à d’autres disciplines cette épuration fondée sur la dégénérescence « sert de vecteur au déploiement des théories racistes et antisémites au sein de l’histoire de l’art.« 

« L’exposition s’achève avec l’histoire des ventes organisées par les nazis pour tirer de l’argent d’une partie des œuvres confisquées. Une idée développée dès 1937 par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich. Une commission est créée qui sélectionne dans les musées allemands celles pouvant être « utilisables à l’échelle internationale« . Pour déprécier l’art moderne, les prix fixés seront bien inférieurs à la valeur réelle des œuvres. Les nazis habilitent quatre marchands dont le fameux Hildebrand Gurlitt puis son fils dans l’appartement duquel on été retrouvées en 2012 « à l’occasion d’une opération des douanes » une  » collection de plus de 1 500 œuvres cachées depuis des décennies ». Si certains galeristes et des musées ont acheté à cette époque des œuvres mise en vente, certains d’entre eux  « prônent le boycott pour ne pas participer au financement du régime hitlérien… »

Suite à des fouilles organisées à Berlin en 2010 pour le percement d’une nouvelle ligne de métro ont été trouvées des sculptures volontairement brisées telle l’ « œuvre amputée, signée de la sculptrice allemande Emy Roeder (1890-1971) » qui est exposée.

Cette exposition fait écho à celle, intitulée « Un exil combattant. les artistes et la France 1939-1945 », qui a lieu actuellement jusqu’au 22 juin, au Musée de l’armée.

 

Tous les jours de 9h30 à18h00 (nocturne jusqu’à 22h00 le 1er mercredi  du mois). Il est préférable de réserver à l’avance. 

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