Après la limitation de vitesse à 50 km/h décrétée par la Maire de Paris, c’est désormais une cure de rétrécissement qui va être imposée dès le 03 mars 2025 au boulevard périphérique. En effet une voie, celle de gauche, sera entièrement réservée au covoiturage, aux taxis, aux bus, aux VTC et aux véhicules de secours, plusieurs heures par jour en semaine avec un petit peu de bon sens toutefois, c’est-à-dire la possibilité de désactivation en temps réel si le trafic est congestionné ou stoppé du fait d’un accident.
Des radars dits intelligents (utilisés déjà sur certains axes ainsi qu’à Grenoble, Lille, Lyon…) élaborés par la société Pryntec (*) et d’autres concurrents, contrôleront si le nombre de passagers est bien de 2 personnes minimum, sinon, le véhicule sera taxé dès le mois de mai, passée la période de tolérance, d’une amende forfaitaire de 135 € (ramenée à 90 € si elle est réglée rapidement ). Petite concession, il n’y aura pas de retrait de point de permis… Ces voies (les tests ont été réalisés lors des JO qui avaient leur voie réservée) sont appelées « VR2 », il faut en effet se conformer au langage dont les administrations ont le secret (imaginons ceux qui sont confrontés à ces codes mêlés d’écriture inclusive …!). Selon les médias, ce nouveau « diktat » municipal serait instauré pour 5 ans. Nous savons tous combien ces soi-disant tests n’en sont pas et sont seulement annoncés pour « faire passer la pilule ».
Cette décision est loin de faire l’unanimité. La présidente de la Région Ile de France a fait savoir ses inquiétudes au sujet « du risque d’embouteillages massifs » là où passent chaque jour 1,3 millions de véhicules (38 % des utilisateurs sont des Parisiens), tant aux portes de Paris (**) que sur les voies secondaires et autoroutes franciliennes. Elle pointe les difficultés que cela engendrera pour la circulation des bus (qui devront emprunter la voie de gauche) et le danger induit ainsi que le risque de pollution accrue. Elle demande en conséquence le déploiement par Airparif de capteurs afin de contrôler la qualité de l’air, une concertation avec les maires des communes concernées et un bilan (y compris sur les voies où forcément la circulation se reportera) dès 3 mois de mise en œuvre, insistant sur le fait que cette mesure n’ait pas un caractère irréversible.
Le président de l’association 40 millions d’automobilistes a fait savoir qu’il partageait les mêmes préoccupation que la présidente de région, soulignant toutes les mesures qui s’ajoutaient pour les automobilistes, à savoir plus particulièrement les ZTL (zone à trafic limité). Notons aussi qu’en région parisienne, plusieurs portions d’autoroute (A1, A12 et A13) subissent le même sort.
Curieusement en revanche, par un décret datant du mois dernier et resté discret, le périphérique parisien fait bien partie des voies où l’inter-files est autorisé alors qu’il avait été interdit de fait en octobre puisque la vitesse minimum pour pouvoir le faire était de 70 km/h ? Ce revirement est sans doute dû au lobby des motards qui n’est pas resté sans réaction cet automne.
(*) Entreprise spécialisée dans les solutions d’analyses vidéo intelligentes. En l’occurrence un « système de doubles caméras scanne l’intérieur de tous les véhicules empruntant la file de gauche. Des logiciels d’intelligence artificielle entrent ensuite en jeu pour analyser les images, identifier les silhouettes humaines (anonymisées) à l’intérieur de l’habitacle… puis déclenchent un flash « classique » si le conducteur est seul dans sa voiture… Ces modèles, seraient en outre capables de faire la différence entre un « vrai » passager humain et un mannequin »
(**) Plusieurs élus craignent que la voie de circulation de gauche entre Rocquencourt (Yvelines) et le tunnel de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), soit une portion de 7 km, causent un immense embouteillage en 7hàà et 10h00…