A ne pas confondre avec l’Hôtel de tourisme de la rue éponyme dans le 8e arrondissement, ni avec l’Hôtel (ex Chancellerie d’Orléans) qui bordait le Palais Royal et dont une partie des décors sont remontés dans l’Hôtel de Rohan, l’Hôtel de Voyer d’Argenson 20 rue Vieille du Temple (ex 4e) situé au fond d’une impasse médiévale (3 m de large) est plus modeste (il n’est curieusement pas mentionné dans le dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet) mais non moins intéressant.
Cet hôtel fut bâti par le vicomte d’Argenson, une famille tourangelle sous le règne de Louis XIV au moment où le Marais était devenu le quartier le plus prisé de Paris et où tous les grandes familles souhaitaient s’y installer.
Avec sa façade sobre et ouvragée à la fois, sur sa partie où se trouve l’entrée, l’Hôtel en pierres de taille est d’aspect très classique. Il a été modifié à plusieurs reprises mais le grand escalier à balustres carrés de bois est toujours en place. Devenu pas succession propriété de Marc-René de Voyer de Paulmy (1652-1721), marquis d’Argenson, ce dernier et ses descendants figurent parmi les grands commis de l’Etat de Louis XV et Louis XVI. Un dessin d’Alfred Bonnardot (1808-1884) visible au musée Carnavalet représente l’hôtel au XIXe siècle.
Le marquis d’Argenson fut ainsi, de 1697 à 1718, lieutenant général de police. On lui doit, du fait de sa grande rigueur, d’avoir réduit sensiblement la criminalité nocturne, un fléau à cette époque. Ce beau résultat lui valut d’être nommé garde des Sceaux puis président du conseil pendant la Régence. Son petit fils, Marc-René (1722-1782), habitera à la chancellerie citée plus haut.
Aujourd’hui une grille fermée empêche de se rendre devant l’Hôtel et les murs de l’étroite impasse éponyme qui y mène, malgré la présence de la grille, sont toujours tagués après de vaines tentatives pour les éradiquer.
La gravure jointe à cet article (*) montre l’Hôtel tel qu’il se présentait au milieu du XIXe siècle. Un façade avec une avancée plus étroite où se trouve l’entrée principale encadrée de 2 colonnes doriques dont une en partie manquante. Le toit supporte une jolie lucarne ouvragée et sculptée, empiétant sur la corniche. Une horloge solaire apparait entre les fenêtres des 3e et 4e étages. Ces 8 fenêtres d’ailleurs assez petites semblent avoir été modifiées postérieurement à leur construction suite peut-être à la création d’étages intermédiaires qui aurait conduit à couper les 4 hautes ouvertures initiales.
Sources : Danielle Chadych, Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 1995.