Avons-nous besoin de conseillers américains pour juger de la « transformation » des transports parisiens ?

Le site de la ville de Paris « paris.fr » a mis récemment en ligne un article intitulé « Transformation des transports Paris désignée 2e meilleure ville du monde« . Cet article met en avant le fait que le 10 décembre dernier « l’Oliver Wyman Forum et l’université de Berkeley en Californie ont placé Paris à la 2e position de leur index de la mobilité urbaine du futur« . Dès lors nos élus plastronnent « Paris, championne du monde des transports ? Qui l’aurait imaginé ? Malgré les discours ambiants d’insatisfaction perpétuelle, une étude concrète vient pourtant saluer de manière objective la qualité des mobilités à Paris.« 

Soulignions avant de commenter ces résultats qui est OliverWymane ? Sur son site français de présentation la société de conseil écrit en introduction  » Nos collaborateurs développent leurs propres domaines d’expertise grâce à un mode de travail diversifié et non hiérarchique. Ils sont libres de remettre en question les idées reçues, d’identifier de nouvelles opportunités et de développer des solutions uniques pour nos clients. »… »Nous formons une « dreamteam » d’experts talentueux dans toutes les disciplines et qui s’adaptent à tous les niveaux des organisations des clients. »… La société résume son activité de conseil autour de 2 axes. Le premier  « Transformer l’entreprise et la société » (elle a à ce titre apporter ses conseils sur le Brexit par exemple) et le second « Tracer de nouveaux horizons » (c’est-à-dire donner des conseils à la restructuration d’organisations complexes et au redressement d’entreprises). Quant à l’université de Berkeley, chacun sait, au-delà d’un certain prestige historique, combien s’y développe depuis longtemps l’esprit contestataire qui la met peu ou prou à mal.

Alors doit-on attendre que des spécialistes américains du conseil et certains universitaires nous disent ce qui est bien ou mal pour notre capitale dans laquelle la plupart d’entre eux n’a jamais véritablement vécu ? Certes nous affirme t’on haut et fort  « 71 critères critères ont été analysés, comme la qualité des transports publics. » De ce côté il suffit de se déplacer en bus ou en métro pour constater que des progrès significatifs sont à faire et qu’il y a loin du rêve à la réalité (retards, fréquence, incidents et dysfonctionnements nombreux même avec l’emploi des nouvelles technologies figurant parmi ces critères…Tout cela en attendant les prochaines hausses du billet de transport au 1er janvier 2025).  L’étude, pour parvenir à ce classement, se focalise selon, l’article cité sur les investissements de « 250 millions d’euros pour la construction, entre 2021 et 2026, de près de 180 km de nouvelles pistes cyclables sécurisées« . Elle « inclut l’agglomération de Paris pour prendre en compte le quotidien des Franciliens. Elle valorise particulièrement l’investissement de 500 millions d’euros dans des « initiatives phares » telles que l’extension de la ligne 14 du métro jusqu’au Stade de France (Saint-Denis), entièrement accessible aux usagers handicapés« . Cerise sur le gâteau « … les analystes soutiennent aussi les bonnes décisions de la Ville de réduire la vitesse sur le périphérique de 70 à 50 km/h, de créer une zone à trafic limité dans le centre de Paris ou encore d’augmenter des zones sans voiture ou d’expérimenter les radars sonores. »

C’est à se demander si ces penseurs du nouveau monde n’ont pas à été à l’origine de l’inspiration de la Maire de Paris et de son équipe. Il existe pourtant une réalité, et nous l’avons spécifié dans plusieurs articles récents. Paris n’est pas une ville adaptée au transport à bicyclette (nul n’est besoin ici de « relister » les inconvénients qui lui sont liés que nous avons déjà suffisamment développés). Le trafic se reporte sur d’autres axes que ceux mis en avant avec leurs embouteillages et la pollution qui en résulte. Quant au bruit, il est souvent pire sur les voies sans voiture en raison de la piétonnisation des rues où les bars avec leurs terrasses bondées de consommateurs qui se développent de façon exponentielle, au grand dam des habitants. La promesse de campagne de l’ancien Premier adjoint de la Maire de Paris devenu député, et déjà candidat à sa succession, de créer 1 000 rues piétonnes supplémentaires est très hasardeuse et inquiétante pour l’avenir.  N’en déplaise aux théoriciens implantés de l’autre côté de l’Atlantique.

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