Concentration de restaurants asiatiques rue Beaubourg

En l’espace de 2 petites années, l’activité de la section de la rue Beaubourg (et les rues perpendiculaires qui la croisent) comprise entre la station Arts et Métiers et la rue Rambuteau s’est peu à peu transformée en raison des nombreuses ouvertures de restaurants asiatiques.  Le déclin de l’activité de grossiste qui s’est déplacée en banlieue, le développement considérable du tourisme accentué par le phénomène des locations saisonnières, mais aussi l’arrivée aux affaires de nouvelles générations concourent à cette évolution.

Nombreuses sont donc les terrasses avec leur mobilier. Sont-elles toujours autorisées … ? Elles réduisent la surface de passage des piétons. Quant aux odeurs de cuisine elles ne sont pas toujours des plus agréables.

Au travers de ce changement, il est intéressant de considérer l’évolution de l’implantation des Chinois à Paris et celle des activités dans lesquelles ils se sont spécialisés tour à tour.

Si l’on se penche en effet sur les études sérieuses de la sociologue Yu-Sion Live dans la Revue européenne des migrations (volume 8 – N°3 – 1992), nous apprenons que les premiers Chinois sont arrivés en petit nombre à Paris peu avant la Première Guerre Mondiale. Il s’agissait alors de journalistes étudiants et marchands de bibelots. Après la guerre ils sont marchands ambulants, pédicures et ébénistes essentiellement implantés dans le XIe et le XIIe autour de la gare Lyon. Après la seconde Guerre Mondiale,  des migrants en provenance des provinces de Wenzhou et de Qingtian viennent grossir les rangs de Chinois déjà implantés qui se spécialisent dans le secteur de la maroquinerie laissé libre par la malheureuse disparition des Juifs. Le quartier du centre (Temple, Gravilliers, Beaubourg, Saint-Merri, rue au Maire…) est alors le cœur de cette activité, les travaux dus à André Malraux dans le Marais puis la réhabilitation des différents quartiers n’ont pas provoqué de changement, c’est plutôt la politique de régularisation des immigrés entreprise dès 1981 qui a renforcé les arrivées en provenance notamment de la province de Zhéjiang. La multiplication des restaurants date de cette période où, installés d’abord dans le quartier latin qui comportait depuis les années 50 des établissements vietnamiens du fait de la décolonisation, ils ont essaimé ensuite dans toute la capitale (Opéra, Saint-Lazare, Ier et IIe, Charonne, Bastille, Gaîté et Convention).  Tous ces mouvements, toutes ces évolutions ont entraîné des modifications de la vie de quartier. Le phénomène d’enracinement des personnes issues de ces migrations (commerçants, artisans, professions libérales…) s’explique par des motifs économiques et professionnels sachant qu’ils leur ont permis de sortir de la misère et de la pauvreté ou des problèmes politiques. Cependant les plus jeunes (- de 30 ans) ont la volonté, et certains d’entre eux franchissent le pas, de partir dans une Chine où maintenant les possibilités de réussite sont évidentes comparées à celles de la France.

Il y a fort à penser que cette évolution récente de l’activité des Chinois que nous venons de décrire se modifie encore. Restons cependant prudents face à telle ou telle prédiction que nous pouvons lire ou entendre ici et là, tout dépendra en fait de phénomènes multiples aussi bien économiques et personnels que géopolitiques.

La mairie quant à elle doit veiller à ne pas laisser s’installer un développement anarchique des restaurants et contrôler les façades et les terrasses en particulier.

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