Nous avons précisé dans un article récent sur le Musée du Louvre les hasards du calendrier qui faisaient que les mandats des responsables du musée Pompidou arrivaient eux aussi à échéance. Une annonce de « recrutement » (voir cette annonce) a d’ailleurs été publiée le 3 mars dernier par le ministère de la culture pour remplacer le président dont le mandat ne sera pas renouvelé car il est atteint par la limite d’âge.
Cet appel à candidature ne manque pas de sel. Tout d’abord parce que l’annonce est rédigée en langue inclusive, le propre d’un ministère et davantage encore lorsqu’il s’agit du ministère de la culture est de protéger notre langue et certainement pas d’aller dans le sens de ses pourfendeurs! D’autre part à quoi bon publier une telle annonce alors que le président du Centre Pompidou est nommé par décret du Président de la République et que le directeur est nommé par arrêté du ministre de la culture. Il serait étonnant que le Président de la République et la Ministre de la culture n’aient pas une petite idée des candidats qui prendront les rênes de l’institution. Alors pourquoi une telle annonce sinon pour faire accroire qu’un processus « démocratique » préside au choix des futurs « élus ». Cela ne trompe malheureusement personne car les prétendants sont abondamment cités dans la presse (par exemple dans notre arrondissement le directeur actuel du musée Picasso ou la directrice du musée de l’Orangerie) . Cette façon d’agir rappelle à l’envi ce qui se passe dans les entreprises où certains postes pourvus d’avance font néanmoins l’objet d’une annonce sur l’intranet, la direction des ressources humaines ne souhaitant pas se voir reprocher par les représentants du personnel de ne pas avoir donné leur chance a de potentiels candidats. En un mot; ce procédé s’appelle de l’habillage.
Ceux qui ne sont pas d’accord avec cette analyse ne manquent pas d’affirmer qu’en l’occurrence les enjeux qui attendent les futurs « nominés » sont de taille et nécessitent un tel appel à candidature. Les défis en question étant d’assurer l’après-pandémie, d’assumer la fermeture pour travaux (décision trés décriée), de suivre les travaux, d’organiser les expositions à l’étranger et dans les territoires, de programmer les manifestations pour la réouverture du musée après 3 ans de fermeture, puis de fêter les 50 ans du musée. Les impétrants devront enfin marquer leur direction de leur empreinte (un seul mandat de 5 ans ne suffit pas dans ce conditions…). Ce sont effectivement des chantiers significatifs qualifiés de gageure par les commentateurs car « en même temps » les uns sont à suivre quand les autres sont à préparer.
N ‘oublions pas que le Centre national d’art et de culture Georges Pompidou emploie plus de 1 000 collaborateurs. Les subventions qu’il reçoit du ministère de la culture ne financent que 51% dd son budget annuel qui était en 2020 de 134,5 millions d’€. Il lui faudra donc trouver d’autres sources de revenus pour se financer, ce qui n’est pas chose facile et demande beaucoup d’énergie, particulièrement dans le contexte économique actuel.