La mairie de Paris a décidé de revoir le règlement des terrasses et des étalages dont la version actuelle date de 2011. Plusieurs réunions de concertation en visio-conférence pilotées par Olivia Polski, adjointe en charge du commerce et de l’artisanat, réuniront d’une part des professionnels et d’autre part des associations dont nous serons.
Parmi les sujets, mais pour l’instant à la veille de la première rencontre aucun ordre du jour promis n’a été diffusé, devrait être vraisemblablement abordée la question des terrasses éphémères que la mairie souhaite pérenniser en « terrasses saisonnières » autorisées 6 mois par an et devant fermer à 22h00 (qui peut le croire ?). Nous ne sommes bien entendu pas d’accord sur cette évolution sachant combien les nuisances sonores qu’entraînent ces terrasses sont devenues insupportables et s’opposent au droit au sommeil des riverains.
L’aménagement des terrasses sera, nous l’espérons, aussi évoqué (taille, paravents, écrans de protection, esthétique …) car les abus sur ce plan sont en nombre. Quels contrôles seront mis en place maintenant que la ville de Paris dispose de sa propre police ? Quid aussi du montant des redevances annuelles qui seront perçues ? La Covid risque fort de justifier une réduction des montants à la baisse, un cadeau supplémentaire pour les exploitants qui ne sont pas restés, soulignons-le, sans aide durant les fermetures forcées. La question du chauffage des terrasses ne devra pas être oubliée non plus tant elle est devenue une aberration sur le plan écologique. 8 000 terrasses ont été dénombrées en 2017 bien avant déjà l’attribution des terrasses éphémères.
Aussi la crainte que nous avons est que ce règlement favorise davantage encore les débits de boissons de telle sorte que Paris soit transformée en un bar géant. Le développement des terrasses sur les toits, la multiplication des extensions à la suite du 1er confinement, y compris sur les places de stationnement condamnées, la volonté affichée d’aménagement des sous-sols font que l’espace public se réduit comme une peau de chagrin au détriment des piétons et des habitants ainsi que des personnes à mobilité réduite, c’est-à-dire des Parisiens dont la mairie ignore superbement les préoccupations.
Le récent rapport de l’APUR sur l’évolution du commerce à Paris qui vient d’être publié est sans ambiguïté sur le nombre de bars et restaurants. Ils augmentent de façon significative (+ 660 entre 2017 et 2020, + 4,5%) «prolongeant ainsi une tendance entamée il y a plus de 10 ans» est-il précisé, sachant que plus de 15 247 établissements ont été dénombrés en 2020 contre 12 686 en 2003 (+ 20,2%) avec une forte concentration dans les arrondissements du centre et les arrondissements touristiques. Ce nombre supplémentaire de 2 561 établissements en 17 ans est Inquiétant car il se fait au détriment d’autres secteurs qui en disparaissant modifient la vie de quartier. Rappelons-nous aussi, et nous l’avons déjà souligné, cette différence anormale de traitement, les terrasses éphémères ne sont accordées qu’aux bars et restaurants et non à d’autres secteurs qui ont tout autant souffert de la pandémie? L’alibi avancé alors par la mairie de donner ainsi la possibilité de mieux respecter la distanciation est sans fondement car cette règle s’applique à tous et partout, donc pour tous types de commerces.
Nous craignons fort que cette consultation sur la modification du règlement les terrasses et des étalages ne soit qu’un jeu de dupes au seul avantage des restaurants et débits de boissons. Une manière supplémentaire de pérenniser Paris comme capitale de la fête et de la plus grande densité de bars!
Merci pour votre analyse remarquable de la situation