Dans une interview fleuve publiée dans Le Monde du 8 juillet 2025, Frédéric Hocquard, l’adjoint à la Maire de Paris, grand ordonnateur de la fête perpétuelle dans la capitale, s’est essayé à évoquer, sans doute dans la perspective des prochaines élections municipales qui approchent à grands pas, la question du sur tourisme qui hante, quand il ne submerge pas les quartiers de bien des villes et sites touristiques. Un risque qui pèse de plus en plus sur Paris si aucune prévention n’est engagée.
Le sur tourisme peut être très simplement défini comme l’envahissement d’une ville, d’un lieu, par des hordes de touristes dont le nombre est plus élevé que ce que ne peut absorber le site concerné. Cela se traduit par :
– des trottoirs encombrés où il devient difficile de se déplacer,
– un manque criant de logements pour ceux qui vivent dans les communes concernées,
– davantage de bruit dans l’espace public y compris la nuit,
– des transports en commun où les usagers habituels se trouvent confinés,
– le besoin de créer une ambiance festive factice (jour et nuit) malgré les difficultés auquel nous sommes confrontés,
– des moyens supplémentaires et coûteux à mettre en place notamment pour assurer la propreté,
– la perte de commerce de bouche au profit de commerces destinés aux touristes créant de la mono activité et la multiplication des bars et restaurants,
– des queues fréquentes dans les musées,
– une consommation d’eau augmentée en ces temps où elle est devenue précieuse,
– la mise en place de renforts de police,
– des squares envahis où les déchets laissés par ces utilisateurs occasionnels attirent les rats,
– nous n’insisterons pas sur les émissions de carbone occasionnées par tous ces visiteurs se rendant en avion ou autre moyen de locomotion dans notre pays et à Paris. Un sujet mis sous cloche par nos autorités pourtant donneuses de leçon en matière d’écologie !
Tout cela est bien réel mais il nous sera rétorqué que notre pays a bien besoin des touristes pour améliorer notre PIB (produit intérieur brut), dans lequel le poids du tourisme avoisine près de 4%, et l’emploi généré direct et indirect, 4,2 millions (chiffres de 2023) créant même des tensions professionnelles alors que notre industrie s’est effondrée et que notre part dans le commerce international ne cesse de pâlir. La France nous le savons ne peut rester un pays fermé. Ne faut il pas cependant s’inquiéter de cette « touristisation » de notre économie dont nous avons constaté les effets particulièrement pervers lors de la pandémie du Covid ? D’autant que le bénéfice d’une telle montée du tourisme ne profite qu’à quelques secteurs contrairement à certains commentaires idylliques dispensés sur cette manne par des économistes de circonstance ou les bénéficiaires eux-mêmes. Les médias spécialisés ne cessent aussi de souligner combien le panier moyen des touristes visitant notre pays est bien moindre que celui de l’Espagne qui est au premier rang des pays européens en ce domaine. Ne faudrait-il pas travailler cette anomalie afin d’y remédier plutôt que de se focaliser uniquement sur le nombre de touristes se rendant chaque année dans notre pays ?
Ne nous leurrons pas, les élections municipales passées, la question du sur tourisme sera aussitôt enterrée sauf si les habitants comme à Barcelone et d’autres villes manifestent massivement leur mécontentement conduisant les édiles à prendre des mesures de restrictions touristiques.