L’arrivée des ZTL se précise

La presse s’est emparée du sujet de transformation de Paris Centre en zone de trafic limité (ZTL). Après moult discours, une consultation opérée en 2021, des communications, des  interviews, le site paris.fr de la mairie de Paris consacre lui aussi un long article sur cette question intitulé «  Une Zone à trafic limité dans le centre de Paris après les Jeux olympiques et paralympiques » (voir la carte de la future Zone à trafic limité dans Paris Centre reprise sur le site de la mairie). Une façon d’ancrer dans les esprits qu’il faut « favoriser les transports en commun, les mobilités douces et abaisser la pollution et le bruit…  objectifs de la Zone à trafic limité (ZTL) ». On sait pourtant que les transports en commun ne sont pas actuellement au meilleur de leur forme,  nécessitant des investissements considérables sur une longue période pour retrouver ponctualité, fluidité et confort. Les usagers sont très mécontents malgré le prix des billets du fonctionnement des métro, bus et RER. Quant aux mobilités dites douces, notre point de vue n’a pas changé, elles sont, et nous insistons, dangereuses pour les piétons. La récente baisse du nombre de trottinettes après la suppression des flottes offertes à la location n’ a que marginalement changé la donne.

En finir avec  » le trafic transit », c’est-à-dire des véhicules ne faisant que traverser la zone sans s’y arrêter… » annonce t-on, mais, est-il ajouté par la mairie de Paris « la zone restera en revanche accessible au trafic de destination, c’est-à-dire pour les usagers en voiture qui s’y arrêtent : résidents, commerçants, livreurs, visiteurs, etc… Le périmètre de la ZTL, travaillé en concertation avec la préfecture de police, correspondra au secteur de Paris Centre (les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements). Les discussions se poursuivent avec l’État concernant l’inclusion des îles et des quais hauts rive droite dans ce périmètre, souhaitée par la Ville de Paris mais dépendant de la décision de la préfecture de police. »  Voilà déjà qui se corse, la mairie ne peut décider seule et doit passer sous les fourches caudines du préfet

La mairie de Paris détaille les objectifs de la ZTL qui sont la réduction de la circulation motorisée, l’amélioration de la sécurité routière en réduisant le risque d’accident, la baisse de la pollution de l’air et le bruit, le rééquilibre de l’espace public pour faciliter et fluidifier les déplacements des piétons, des usagers des transports en commun et des cyclistes, la facilitation des déplacements des usagers qui se rendent et circulent dans la zone (résidents, visiteurs, personnes à mobilité réduite (PMR), artisans, commerçants, taxis, services publics, etc.), l’amélioration du cadre de vie et la valorisation du patrimoine historique parisien.
A l’appui de  ces arguments nos édiles rappellent que « la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dès 2019 pour non-respect de la réglementation européenne sur la qualité de l’air… » et par ailleurs par le Conseil d’Etat, suite à plusieurs procédures engagées, « … trois années de suite, en 2021, en 2022 et ce 24 novembre dernier, à payer des astreintes allant de 5 à 10 millions d’euros. » Enfin la ville souligne que  « les ZTL sont des outils fréquemment utilisés par les villes européennes, et recommandées par les autorités européennes, pour diminuer le trafic et les émissions associées, et remédier à la pollution de l’air dans les grandes villes. » 
Qui pourra bénéficier néanmoins d’exemption pour circuler dans les ZTL  ?
Réponse: les personnes résidant dans la zone, des bus, les personnes bénéficiant d’une carte mobilité inclusion ou d’une carte européenne de stationnement. « Le trafic de destination » y sera autorisé (les livreurs, ceux qui se rendront chez le médecin, au bureau chez des ais, au cinéma ou opèreront des achats dans les magasins ou visiteront des galeries d’art. Sont aussi concernés les artisans et les entreprises , qu’il s’agisse de dépannage ou de travaux, les commerçants installés dans la zone incriminée, les personnes handicapées, les auto écoles, les titulaires de parking in situ … Une véritable usine à gaz pour appliquer les règles et les contrôler car il faudra montrer patte blanche en produisant des justificatifs ou un macaron pour les VTC !? Dans l’absolu il ne devrait plus y avoir de cambriolage puisque l’on contrôlera qui entre et qui sort.. ?

La ville pourtant peu habituée à la pratique des études d’impact est déjà en passe de donner les résultats de la mise en œuvre de ses ZTL. C’est-à-dire la baisse de trafic automobile  « aucun report massif n’est attendu…les voies de contournement absorberont des impacts très limités et temporaires…la mise en œuvre de la ZTL s’accompagne en outre de nombreux projets d’apaisement des quartiers et de refonte des plans de circulation dans tout Paris« , Dont acte mais nous ne sommes pas aussi certains du résultat, à l’exemple de ce qui s’est passé, avec la fermeture des quais et la modification du plan de circulation du Marais. Néanmoins on nous prédit « des baisses du niveau de bruit sur certains axes routiers de Paris Centre et par une amélioration de la qualité de l’air (baisse des concentrations de NO2, polluant émis majoritairement par le trafic routier) sur les axes routiers dans la ZTL situés en zone très dense ». C’est-à-dire de 15 % avenue de l’Opéra, 10 % boulevard de Sébastopol, 15 % boulevard Henri IV,  5 % quai Henri IV, 7 % quai de l’Hôtel de Ville. »

Autre avantage, la « probable hausse de la fréquentation commerciale  » en ZTL selon un spécialiste de l’immobilier de ce secteur géographique consulté. Il constate un faible taux de vacance des commerces, plutôt en baisse et une hausse de la fréquentation (15 millions de passages soit + 13%  en 2022-2023 comparé à  2017-2018).  Sur ce constat nous sommes très réservés car plus que jamais nombre de boutiques sont fermées et le restent longtemps. Quant à la situation de l’activité commerciale, l’exemple de la rue de Rivoli, fermée à la circulation automobile depuis la Covid, ne plaide pas pour la piétonnisation. Il est notoire qu’elle a beaucoup souffert et souffre encore. Enfin  » on estime » est-il écrit « que seulement 30 % des « transiteurs » ont absolument besoin de leur voiture pour effectuer leur trajet (port de charge, trajets complexes, absence de solutions en transport en commun). Pour les 70 % restants, la voiture est avant tout une commodité« . 
Un dossier à suivre qui n’a pas fini de créer polémique bien que le but recherché soit louable, Paris n’est pas une ville comme les autres et à ce titre elle doit être traitée selon ses spécificités. Pourquoi aussi ne retenir que Paris Centre ?  Effet d’affichage ?

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