Plusieurs articles de presse viennent de mettre un coup de projecteur sur le projet de la mairie relatif au marché aux fleurs. Leurs auteurs estiment que la réhabilitation de ce « lieu emblématique de l’Ile de la Cité pourrait y perdre son âme et son caractère ».
Un peu à l’image de ce que furent le Halles avec ses pavillons en fer, mais en l’occurrence enchâssé entre l’Hôtel Dieu, la préfecture de police, le tribunal de commerce et la Seine, le marché aux fleurs a été créé en 1809 par décret de Napoléon. Il se tenait les  mercredis et samedis et comportait deux bassins aujourd’hui disparus. La construction du tribunal de commerce l’amputera d’une partie de sa surface à partir de 1860 qui entraînera sa transformation et l’édification d’abris au nombre, 460 sur 8 rangées ! Il se dit que ces abris auraient été fabriqués dans les ateliers Eiffel mais rien ne l’atteste.  C’est à ce moment que sont installées les fontaines Wallace toujours présentes.
Les travaux de construction de la ligne 4 du métro vont mettre le marché en sommeil, ce d’autant que des fouilles archéologiques mettent au jour une ancienne basilique. La crue de la Seine de 1910 a retardé de nouveaux travaux d’aménagement qui ne furent exécutés qu’en 1914, puis interrompus avec la guerre et poursuivis après le conflit. Ce n’est qu’en 1922 que Jean Camille Formigé (l’architecture des serres d’Auteuil qui ont été récemment amputées) se voit confier la réalisation des nouveaux abris du marché.
Il fut un temps (dans les années 70) envisagé de déplacer le marché aux fleurs sur le parvis du Centre Pompidou. Cette idée fera l’objet d’une pétition contre qui dissuada les autorités de mettre en œuvre ce transfert. Le marché a été rebaptisé « Marché aux fleurs Elisabeth II ». La reine en effet a montré un attachement à ce lieu qu’elle avait découvert en 1948. Elle a d’ailleurs dévoilé elle-même la plaque portant son nom. Cérémonie cocasse, comme il pleuvait ce 7 juin 2014 la reine est arrivée portant elle-même très simplement un parapluie transparent. Ce ne fut pas le cas de notre première édile dont le parapluie était tenu en revanche par un « préposé ». Autres temps autres comportements …
Lorsqu’en 2016 François Hollande demanda à l’architecte Dominique Perrault et au président du centre des monuments nationaux d’étudier ce que pourrait être l’évolution de l’aménagement de l’Ile de la Cité, la question de la pérennité du marché aux fleurs s’est posée. Finalement le conseil de Paris a décidé dans sa séance du 16 décembre dernier de réhabiliter le marché et de mettre en place des halles identiques à celles d’origine. Cela représente un budget de 4,86 millions d’€. Cependant ce projet comme l’indique la mairie prévoit de « repenser l’usage des lieux » avec la piétonisation des abords et des allées, la végétalisation en pleine terre des arbres et la dépose des boîtes quai de Corse afin de rétablir la vue sur la Seine. Fallait-il aussi prévoir dans cette modernisation non essentielle l’implantation de stands de restauration, Paris compte déjà tellement de bars cafés et restaurants? Les travaux sont annoncés pour 2023 et jusqu’en 2025.
Les critiques sur ce projet ne manquent pas. Etait-il besoin de réhabiliter le marché ?  Serait-il tombé en désuétude à ce point comme l’affirme la mairie? Il semblerait que la fréquentation soit importante et ait même augmenté à la sortie du confinement.  L’interdiction de ventes des oiseaux, les difficultés de stationnement aux abords du marché ont été pris par les commerçants comme de mauvais signes quant à l’avenir véritable du marché. Installés pour certains depuis longtemps ils sont dubitatifs et ne comprennent pas ces évolutions à venir sans avoir d’ailleurs jamais été interrogés (on retrouve le mode opératoire habituel de l’équipe municipale qui procéde par décision unilatérale). Les fleuristes sont persuadés que le marché nouvelle version se réduira à une peau de chagrin et qu’il perdra tout son charme
Source: blog  » Louvre pour tous »