La mairie de Paris a donné le coup d’envoi du cru 2022 du budget participatif, Les arguments ne manquent pas pour inciter les Parisiens à participer « chacun peut voir ses idées prendre vie à Paris…Si les projets sont votés, ils seront réalisés ou financés par la Ville. À vous d’imaginer et de façonner le Paris de demain ! » La mairie insiste en rappelant que prés de 3000 projets ont déjà été réalisés dans Paris depuis le lancement de ce type d’ opération et de citer les thèmes vendeurs, » la transition écologique, le sport, l’agriculture urbaine, l’art, la solidarité ou la propreté. »
Si certains projets ont été utiles et ont permis d’embellir des espaces, des coins de rue ou des placettes (par exemple l’espace vert aménagé face à l’église Saint-Nicolas des Champs rue Saint-Martin), force est de constater que beaucoup de dossiers n’ont jamais vu le jour quand d’autres ont été réduits à une peau de chagrin ou après réalisation n’ont pas fait ensuite l’objet d’entretien. Sans oublier les dossiers propreté qui ne devraient pas avoir leur place dans ce budget si les actions idoines étaient menées comme il convient par les services compétents. il est ainsi anormal de faire acheter des matériels de nettoiement au travers de ce « concours annuel » qui n’a pas à corriger les carences municipales.
Le budget participatif est un vecteur de communication de la mairie qui permet d’afficher un tant soit peu que les habitants participent à la transformation de leur environnement. Beaucoup de projets peuvent être qualifiés de » projets petit bras » sans imagination dédiés au petit environnement immédiat d’un immeuble, d’un morceau de rue, d’un toit etc… Or il faudrait beaucoup moins saupoudrer les fonds dédiés et réaliser quelques projets seulement, suffisamment emblématiques à l’échelle d’un quartier au minimum, pour être remarqués en évitant d’interférer avec les décisions prises en conseil de Paris ou d’arrondissement. Il ne faut pas en effet que ces projets soient qualifiés de « rustines » apportées aux dossiers du ressort des édiles.
Aussi est-il étonnant que nombre de projets émanent des conseils de quartier rattachés en fait fonctionnellement aux mairies d’arrondissement, ce qui fait dire à certains que les projets étiquetés « conseil de quartier » seraient téléguidés. Sur les 62 projets lauréat de 2021 pour lesquels 100 000 personnes auraient voté, combien émanent de conseils de quartier? D’autant que parvenir jusqu’au graal de l’acceptation est presque un parcours du combattant. Le dossier doit être rédigé selon un certain formalisme. Il faut ensuite, en distinguant les dossiers « projet d’arrondissement » et « projet Tout Paris« , aller sur le site « budget participatif », se connecter à un compte « Mon Paris » soit en créer un s’il n’existe pas, ce qui n’est pas évident pour tous. Puis il importe de savoir si le dossier est d’intérêt général, s’il entre dans le champs de compétence de la vile de Paris, s’il constitue une dépense d’investissement sans être gourmand en dépenses de fonctionnement, précision étant faite que tous les projets d’aménagement lourds de l’espace public n’entrent pas dans le champ du budget participatif… Voilà qui est pour le moins complexe et peut décourager bien des initiatives.
Consciente de ces difficultés, la mairie propose « … des réunions publiques (en visioconférences), des ateliers thématisés et des permanences d’aide au dépôt de projets animés par les mairies d’arrondissement… » Il faut se renseigner sur les dates de ces consultations et des ateliers et être en mesure de pouvoir y participer. Pour certains arrondissements, sont prévues « des marches exploratoires, des rencontres et une aide pour déposer vos projets en ligne ».
Dernier point, un calendrier a été publié quant au déroulement de tout ce processus. Après le dépôt des dossiers (date limite 25 janvier 2022), 6 mois ont été laissés ensuite aux services compétents de la ville de Paris afin d’analyser les dossiers. Le vote en ligne ou dans des bureaux de vote n’interviendra qu’en septembre, puis en décembre ce sera au tour du conseil de Paris de voter le financement des projets « lauréats ».
Notre souhait est que les dossiers retenus contribuent réellement à l’embellissement de Paris avec la mise en œuvre indispensable d’un « service après-vente », c’est-à-dire une suivi post réalisation, en particulier en matière d’entretien. Le constat étant que les aménagements sont fréquemment délaissés faute d’entretien donnant l’impression que les derniers publics, nos deniers en réalité, sont dilapidés. Impression fâcheuse s’il en est.