L’information est tombée ce 22 octobre, la cour administrative d’appel a annulé la piétonisation des voies sur berges. L’arrêt confirme l’annulation de la délibération votée en septembre 2016 en Conseil de Paris. Cette décision fait suite aux actions engagées par les collectivités d’Ile-de-France, les associations et les particuliers qui demandaient l’annulation de l’arrêté. Une autre décision est attendue prochainement concernant cette fois l’arrêté qu’avait pris la Maire, à la suite du premier jugement rendu par le tribunal administratif, de justifier la fermeture des berges, classées au patrimoine de l’UNESCO, au nom de la défense du patrimoine.
La mairie a indiqué qu’elle allait se pourvoir en cassation devant le conseil d’Etat.
Que l’on soit pour ou contre la piétonisation, cette décision montre à plus d’un titre qu’une décision aussi engageante que la fermeture des voies sur berge ne pouvait se prendre en faisant fi d’un certain nombre de règles. Il est facile d’aligner des chiffres (1,5 millions de piétons ont fréquenté les berges selon les statistiques de l’Hôtel de Ville) mais les faits sont têtus.
Tout d’abord une décision aussi lourde de conséquences sur le quotidien de centaines de milliers de personnes, et davantage encore, devait faire l’objet d’une concertation bien plus conséquente et partagée impliquant toutes les parties concernées. L’idée d’un referendum qui avait été lancée n’a pas été retenue à tort par nos édiles. L’enquête publique qui a été menée a abouti à un avis négatif. Là encore, il est vrai que ce n’était qu’un avis consultatif, l’équipe municipale est passée outre, en force pourrions-nous même ajouter. Le tollé de nombre d’élus de la région parisienne aurait dû lui aussi conduire à la prudence. Paris ne peut pas faire abstraction de la région dans laquelle elle s’agrège… Notre association qui couvre les 4 premiers arrondissements (2 étant concernés directement par la piétonisation des berges) a d’ailleurs intégré cette évidence dans son objet social. Pourquoi avoir voulu à tout prix fermer les berges, les aménager pour compliquer un retour en arrière, alors que des incertitudes obscurcissaient encore le dossier, le préfet de police ayant émis des réserves?
« La patience vient mieux à bout des entreprises que la force » écrivait Plutarque dans « La vie des hommes illustres ».
Il est important de souligner le fondement de la décision de la Cour, « l’étude d’impact a délibérément occulté une partie notable des conséquences du projet sur la pollution et les nuisances sonores ». Et d’ajouter que la mairie avait limité « l’analyse (…) de la pollution atmosphérique à une bande étroite, autour des berges » et non sur des axes plus étendus. C’est bien là que le bât blesse car indéniablement la circulation s’est reportée sur les quais hauts et les voies limitrophes engorgées, plus polluées que jamais. La multiplication des autoroutes à vélos peu fréquentées a aggravé le phénomène sachant que les transports en commun n’ont connu aucune amélioration conséquente en parallèle. Quant aux berges, elles sont souvent désertes, n’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire!
En voulant réduire le mal, ne l’a-t-on pas finalement aggravé. C’est en ce sens également que doit s’interpréter la décision de la cour administrative d’appel.
NDLR : Jeudi 25 octobre 2018, le tribunal administratif de Paris a cette fois confirmé l’arrêté de piétonisation des voies sur berge au titre de la protection du patrimoine. Les partisans de cette fermeture les sanglots dans le gorge et tombant en pâmoison parlent déjà d’« un acquis inestimable » .
Sachons raison garder. Cette décision ne change hélas rien quant à la méthode employée pour mener ce chantier à bien. Le feuilleton auquel nous avons tous assisté est pitoyable et laisse un arrière-goût déplaisant.