De plus en plus de galeries d’art quittent le Marais ou ferment leur porte (*). Parallèlement, celles qui auraient pu s’installer dans le quartier l’évitent et préfèrent invertir le 8e arrondissement. Les raisons invoquées par les spécialistes sont diverses. L’une d’entre elles tient à la décision de la société de ventes aux enchères Sotheby de choisir l’angle de l’avenue de Matignon et de la rue du Faubourg Saint-Honoré (au n°83, là ou se trouvaient auparavant les locaux de la célèbre galerie Bernheim-Jeune), pour implanter son nouveau siège parisien et en faire davantage qu’une salle des ventes, en organisant entre autres des expositions gratuites dans ses espaces.
Cette décision, malgré quelques mouvements de galeries auparavant, a agi comme un phénomène déclencheur et joue le rôle d’aimant pour les galeries d’art. Le secteur qui comptait déjà d’autres sociétés de vente aux enchères telles dans la même rue Piasa ou Christie’s avenue Matignon, ainsi que des galeries d’art et des antiquaires est dorénavant devenu le centre névralgique du marché de l’art parisien. A cela s’ajoute, avec pourrait-on imaginer une certaine « complicité », la restauration à l’occasion des JO du Grand Palais où se tiennent des événements culturels internationaux comme par exemple actuellement la foire Art Basel. Le musée Jacquemart André est proche lui aussi quand les palaces (Le Bristol), les boutiques de luxe, les ambassades attirent une clientèle internationale s’intéressant et investissant dans l’art. N’oublions pas non plus qu’a joué la baisse des prix de l’immobilier.
Ainsi la foire internationale Art Basel Paris a réuni, malgré les fuites d’eau des verrières pourtant récemment restaurées , 195 galeries et comptait 12 000 visiteurs présents lors du vernissage le 16 octobre. C’est dire le pouvoir de fascination qu’exercent ce lieu, cette manifestation et le « triangle d’or »
Outre le mouvement de concentration de galeries, les fermetures pour raison d’âge, le désamour des galeristes et de leurs clients pour le Marais, que ce soit autour de Beaubourg ou du musée Picasso, le phénomène est accentué par les difficultés de circulation insensées et criantes voulues par nos élus qui ajoutent des modifications permanentes et des règles aux règles. L’engorgement des rues, la dangerosité pour les piétons de se déplacer face aux bicyclettes, la malpropreté qui a fait son grand retour depuis la fin des JO, entraînent immanquablement l’évitement du secteur. Ce qui n’est pas sans conséquence non plus pour les commerçants…
(*) Galerie Sakura 21 rue du Bourg Tibourg, Galerie Denise René 22 rue Charlot (voir photographie illustrant notre article), Galerie Yvon Lambert 14 Rue des Filles du Calvaire
Sources: Le Echos du 11 10 24, First Online du 1er 10 24, l’Opinion, du 15 10 24.Journal des Arts du 08 03 24.
La fuite des galeries d’art est désolante. je doute que la transformation du Marais en grand restaurant et galerie marchande pour vêtements ait beaucoup réjoui Malraux en son temps.