L’origine de l’Hôtel Meurice remonte à 1771. Il doit son nom en effet au maître de poste de Calais Charles-Augustin Meurice qui ouvrit dans sa ville une auberge pour les touristes britanniques, puis un second établissement de luxe à Paris, à l’endroit même où s’arrêtait la diligence Paris-Calais (223 rue Saint-Honoré) pour cette clientèle anglaise attachée au confort, au « service palace » qu’apportait Le Meurice.
Comme souvent le besoin de s’agrandir pousse le propriétaire à s’installer à l’adresse que nous lui connaissons aujourd’hui, 228 rue de Rivoli (ouverte en 1806, les arcades n’ayant été édifiées qu’en 1811) avec 160 chambres et suites pour une clientèle haut de gamme. Nous sommes en 1835.
Des travaux d’agrandissement sont menés en 1898. Durant les travaux, les ouvriers attachés au chantier recueillirent un lévrier qui devint l’emblème de l’établissement encore utilisé de nos jours. Parallèlement l’actionnariat évolue et après 2 ans d’importants travaux l’hôtel rouvre ses portes en 1907, en pleine période de développement des palaces parisiens. La concurrence est vive, notamment celle du Ritz ouvert en 1902 place Vendôme. Arthur Millon le propriétaire d’alors qui avait succédé à Henri-Joseph Sheurich s’associa à un grand hôtelier suisse, Frédéric Schwenter et tous deux réussirent à adjoindre l’Hôtel Métropole tout proche, rue Castiglione, pour mener à bien ce nouvel agrandissement qui obligea à tout démolir, sauf les façades classées. L’architecte retenu pour ces transformations est le grand prix de Rome Henri-Paul Nénot (l’architecte de la Nouvelle Sorbonne) qui tout en équipant les lieux des dernières technologies d’alors (téléphone modernisé, sonneries électriques, ascenseurs, salle de bains dans chaque chambre…), s’attacha à maintenir le style Louis XVI originel (pilastres, colonnes dorées, boiseries, marbres et bronzes dorés..). Les magnifiques décors peints décors peints sont confiés à Faivre, Poilpot et Lavalley. De cette époque, nous pouvons toujours admirer le grand salon dit Pompadour, la salle de restaurant, le salon Fontainebleau et la verrière de fer forgé qui abritait le hall et qui fut cachée par différents revêtements. Elle a été très joliment restaurée dans son aspect d’origine.
D’autres restaurations seront menées en 1947, en 1998 (date de la prise de contrôle par Dorchester Group propriété du Sultan de Brunei) et surtout en 2007 où Philippe Starck a été sollicité pour apporter sa touche personnelle avec sa fille et Charles Jouffre (qui a travaillé pour le grand foyer de l’Opéra Garnier). La conduite des travaux a été placée sous la houlette de Jean-Loup Roubert (architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, 1er grand prix de Rome lui aussi) et son confrère Nicolas Papamiltiadès. C’est en 2014 que l’hôtel qui a déjà le label « Palace » et son restaurant 3 étoiles, a obtenu le label Entreprise du Patrimoine Vivant.
Les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale mettront le Meurice sous le feu des projecteurs lorsqu’il fut choisi pour devenir le quartier général des forces d’occupation allemandes. Il fut souvent surnommé « Hôtel des rois » en raison des personnalités, artistes, aristocrates, écrivains, hommes politiques, hommes d’affaires et têtes couronnées qui s’y sont côtoyés notamment la reine Victoria, le prince de Galles, le shah d’Iran ou le roi d’Espagne Alphonse XIII en exil après la proclamation de la République espagnole en 1931. Salvator Dali y séjourna un mois chaque année 30 ans durant. Des déjeuners littéraires réunirent André Malraux, Paul Morand et bien d’autres personnalités de l’époque. Le Meurice fait indéniablement partie de l’histoire de Paris et du patrimoine attaché au centre de notre capitale.
Sources : Documentation du Groupe Dorchester, parissecret.com, Wikipedia et Paris Promeneurs.