La crise, nous le savons tous, crée déjà et créera à rebours bien des dégâts économiques ainsi que nous l’avons déjà précisé dans plusieurs articles du blog.
Parmi les acteurs économiques les plus touchés, en dehors du secteur de la restauration particulièrement affectés, figure un des emblèmes de la capitale, les grands magasins qui « vivent leur pire année de leur histoire » plus que centenaire. Le Figaro titrait d’ailleurs à leur sujet le 26 novembre, « La descente aux enfers des grands magasins parisiens » .
L’arrondissement Paris Centre compte parmi eux deux « paquebots », le BHV-Marais (Groupe Galeries Lafayette) et La Samaritaine (Groupe LVMH) qui attend des jours meilleurs pour rouvrir après 15 années de restructuration et de rénovation de ses locaux.
Jamais, même en temps de guerre les grands magasins n’avaient fermé aussi longtemps, c’est à dire une centaine de jours sur une seule année.
Le BHV-Maris qui a subi les conséquences des manifestations des gilets jaunes, les grèves de l’hiver 2019 et maintenant la pandémie et l’absence des touristes auxquels s’ajoutent le télétravail et surtout aussi les restrictions sur l’utilisation de la voiture à Paris Ces dernières ont eu un effet dissuasif sur les consommateurs franciliens. La condamnation de la rue de Rivoli à la circulation a en effet porté un coup terrible à l’enseigne et le portera aussi à La Samaritaine lorsqu’elle rouvrira ses portes. C’est le prix à payer pour moins de pollution affirmeront les élus. On peut néanmoins discuté l’opportunité du choix de la rue de Rivoli.
Parallèlement, le confinement a permis à l’e commerce de se développer et, un constat frappant, les consommateurs se sont désintéressés du prêt à porter ce qui accentuera à terme les difficultés des grands magasins qui ont pris le parti de louer des « corners » aux grandes marques de la mode et du luxe. Marques qui se trouvent elles aussi touchées par la crise et les évolutions de consommation qu’elle induit dans le futur.
Avant de retrouver le niveau d’affaires de 2019 (certains spécialistes tablent sur 5 ans pour y parvenir), les responsables de ces groupes seront conduits à revoir leur modèle. Cécile Creuzot la journaliste du Figaro qui a analysé la situation des grands magasins reste optimiste, elle souligne qu' »au cours de l’histoire, ces vieilles maisons ont fait preuve d’indéniables capacités d’adaptation. » Mais les enjeux sont cette fois de taille . Des réorganisations sans doute difficiles sont à prévoir et avec elles des réductions d’effectifs . Le Printemps ne vient-il pas d’annoncer la fermeture de 7 de ses magasins à Paris et en Province. On peut imaginer que les investissements seront mis au pain sec pendant quelques années. sauf peut-être dans la vente à distance devenue incontournable (elle représente déjà 7% du chiffre d’affaires des Galeries Lafayette quand le Printemps vient seulement de démarrer ce mode de distribution). Or l’écart avec les géants de la vente sur internet est immense. L’international semble aussi une option pour se développer mais il faut là encore disposer des moyens pour investir massivement…
Nous souhaitons sincèrement que le BHV et la Samaritaine devenus des emblèmes de Paris Centre résistent à cette situation inédite qui ne sera pas sans conséquence dans le futur.