Dans un entretien au Figaro daté des 21 et 22 mai, la Maire de Paris, sans doute encore abasourdie par l’ampleur prise par l’initiative #SaccageParis, annonce ce qu’elle n’a pas fait en 7 ans d’exercice de sa fonction de 1ère magistrate et 3 plans propreté infructueux, le lancement « … d’un big bang de la proximité qui donnera plus de pouvoir aux maires d’arrondissement (NDLR: en matière de propreté). Ils en seront les pilotes. Ce sera un gage d’efficacité. Le conseil de Paris en débattra en juin pour une mise en œuvre dès septembre. »
Nous comprenons de ces déclarations que le maire d’arrondissement aura en outre à sa charge « les petites réparations du quotidien »(?), les parcs et jardins ainsi que la sécurité.
Autre conséquence des nombreuses réprobations postées à la suite du hashtag sur la malpropreté, le doublement du budget propreté sera porté à 1 milliard d’€ pendant l’actuel mandat. La répartition de cette manne risque néanmoins de faire débat puisque la Maire ajoute à ce sujet qu’elle se fera selon des  « critères démographiques, sociaux et chaque spécificité des quartiers ». Espérons que le flou ne l’emportera pas sur l’opacité et que les résultats des votes aux dernières élections municipales ne serviront pas au final de véritable critère de répartition des fonds.
Nous retenons aussi de cette interview que les maires d’arrondissement vont enfin, ils le réclamaient haut et fort depuis bien longtemps, disposer d’un référent propreté (quel sera son rôle précisément? ), d’un budget autonome et d’effectifs propres pour enfin s’attaquer sérieusement à la malpropreté. Le sujet tabou des amendes a été aussi évoqué par la Maire,  « la police aura des des consignes très strictes et dressera des amendes. Je serai intraitable. » Osons le croire!
Il aura donc fallu des années pour en arriver là, malgré les demandes réitérées d’élus et des habitants représentés par des associations telles que Marais-Louvre conscients de la gravité de la situation et de l’urgence de se donner les moyens pour la traiter. Mais malheureusement dans les bureaux feutrés de l’Hôtel de ville nos associations sont dédaignées alors que la Maire de Paris rappelle que la propreté est l’affaire de tous… Il faudra pour cela prendre que l’équipe municipale prenne la peine et le temps d’écouter « les citoyens » ou leurs représentants sans faux semblant quitte à ce que les élus se résignent à faire leur aggiornamento et soient conduits à un changement de paradigme sur ce qu’ils appellent « concertation » ?
Dans cette interview la question du mobilier parisien est tristement « évacuée » d’une phrase par la Maire qui n’hésite pas, avec une certaine audace, à dire qu’une «ville évolue, ose, emploie de nouveaux matériaux, plus écologiques. Regardez New York et Berlin.» Eh bien non, nous ne sommes pas d’accord, Paris n’est pas New York, Paris n’est pas Berlin. Ce commentaire est d’ailleurs assez désobligeant pour notre capitale qui est une ville unique au monde. Unique par son histoire, unique par son aspect, unique par ses monuments, unique par son architecture, unique par toutes ses caractéristiques, y compris son mobilier. Elle ne peut donc être comparée à aucune autre capitale. L’affaire du banc de Davioud vendu récemment aux enchères montre une nouvelle fois à la Maire et à son équipe qu’il faut savoir écouter ses administrés. Ils peuvent avoir des vues opposées mais elles sont la plupart du temps guidées par le bon sens et l’expérience du terrain. « Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres » affirmait Léonard de Vinci.
Alors de grâce arrêtons d’affubler nos quartiers de ces bancs de type « traverse de chemin de fer », de ces banals pots de fleurs, de plantes et d’arbres en matière plastique (non écologique) aux couleurs flashy. Il y a plutôt urgence à entretenir les bancs anciens tagués et couverts d’autocollants et à remettre les grilles autour des arbres afin d’éviter le désastre d’un pseudo jardinage hideux qui accentue davantage l’aspect général de malpropreté.
Quand allons-nous retrouver notre Paris propre et son mobilier « fétiche » si spécifique que le monde entier envie et admire ?