Les villes touristiques étrangères restreignent de plus en plus les locations saisonnières

Face aux difficultés de logement pour leurs habitants, de plus en plus de villes touristiques restreignent fortement les locations saisonnières. 
Créées au début des années 2000 ces plateformes ont fait bouger les lignes en accentuant le phénomène du tourisme de masse. La plus importante qui a vu le jour en 2007, Airbnb, dispose de 7 millions de logements en référence et se vante d’avoir fait voyager 1,5 milliard de voyageurs depuis 16 ans…! Une telle activité n’est pas sans conséquence. Nous l’avons souvent évoqué dans notre blog en soulignant que l’offre de location classique s’en trouvait réduite, faisait monter le prix des loyers, sans oublier les nuisances apportées dans les immeubles par les allers et venues, les fêtes organisées par ces touristes arrivant en nombre.
Les villes sous la pression des habitants, accessoirement électeurs et contribuables, poussent les élus à prendre des dispositions de plus en plus drastiques à l’encontre des plateformes de location. New York est à la pointe en ce domaine. Sa réglementation déjà jugée stricte par les professionnels vient de monter d’un cran avec l’interdiction depuis septembre de louer moins de 30 jours. En conséquence en quelques semaines l’offre s’est fortement rétrécie, ce que déplore Brian Chesky le PDG de l’entreprise qui avait été reçu en grand pompe par nos élus dans les salons de l’hôtel de ville le 26 février 2015. Plus grave pour lui est le risque que d’autres villes qui ont vu leur qualité de vie se dégrader de faire comme New York.
Paris ne semble pas vouloir s’engager dans cette voie alors qu’elle investit massivement  dans l’immobilier pour multiplier les logements sociaux (*). Et puis à l’approche des JO, une telle décision serait mal vue par ceux qui loueront leurs biens à des prix qui alimentent les articles de presse. Et pourtant la mairie ne cesse d’utiliser une voie bien plus dispendieuse en investissant dans l’immobilier pour multiplier les logements sociaux. Florence qui souhaite en revanche sauver son centre historique et Vienne sont actuellement, à l’instar de New York, à la manœuvre.
La décision arrêtée par le gouvernement français de classer en zone tendue les villes les plus touchées (2 500 concernées) afin d’encadrer les loyers n’est pas suffisante. A telle enseigne que la France représente toujours le second marché d’Airbnb! Nombreux sont ceux aussi qui plaident pour supprimer un avantage fiscal criant accordé aux plateformes incriminées, à savoir l’exemption de TVA. Une énormité! Des articles de presse ont rappelé à plusieurs reprises à juste titre qu’Airbnb avait installé son siège européen en Irlande, un pays connu pour sa fiscalité avantageuse à l’égard des entreprises.
Des cas nous ont été aussi remontés de décisions de tribunaux administratifs suspendant des dispositions réglementaires prises par certaines villes pour davantage encadrer les locations saisonnières. Nombre d’élus se trouvent ainsi démunis et en appellent au législateur. N’oublions pas la concurrence déloyale exercée par toutes ces officines à l’encontre du secteur hôtelier. Les professionnels français se font moins entendre sur ce plan que leurs homologues italiens montés au créneau avec des élus et le fisc qui réclame à Airbnb des arriérés de taxes non réglées (les recours judiciaires de l’entreprise ont été rejetés).
Fin de pratiques abusives, taxation plus élevée, paiement de la TVA, arrêt de la location à courte durée, imposition plus forte des bénéficiaires des revenus générés par ce type de location, les pistes ne manquent pas pour durcir la législation et réguler l’activité afin d’arrêter enfin l’évolution désastreuse des centres des villes touristiques. Encore faut-il avoir la volonté d’en décider et de mettre en œuvre les règles adaptées, ce qui en France est une toute autre histoire ?

(*) Dernière acquisition dans le cadre de cette politique, un somptueux immeuble haussmannien de 5 étages, aux 37 avenue Georges V et 14, rue Quentin Bauchart dans el 8e arrondissement non loin du luxueux hôtel Prince de Galles et des Champs Elysées, afin d’y aménager notamment 23 logements sociaux.

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