Un « plan piétons » bien peu ambitieux

Sous la forme d’annonces médiatisées dont elle a le secret la mairie de Paris tente de faire accroire à ses administrés qu’elle va enfin reprendre en main le sort des piétons qu’elle a bien délaissés contrairement aux utilisateurs de « moyens de déplacement doux » chouchoutés et favorisés exagérément, la conséquence étant de rendre de plus en plus risqués les déplacements à pied. Le but ultime de cette pseudo réglementation nécessitée par un développement incontrôlé des bicyclettes et jusqu’à peu des trottinettes (il en reste encore trop en circulation) est de débarrasser la capitale de la circulation automobile en ne maintenant que l’indispensable. Une vision plus utopique que pratique.
Dans ce contexte le Premier adjoint de la Maire de Paris et l’adjoint aux transports expliquent que le nouveau « plan piétons » favorisera la marche et sécurisera les déplacements. Nous l’avons écrit à maintes reprises, se déplacer dans les rues de Paris en tant que piétons est un véritable et dangereux gymkhana. Le Parisien du 18 novembre cite un classement datant du mois de septembre dernier réalisé par le collectif « Place aux piétons » dans lequel les 1 298 personnes interrogées sur la « marchabilité » à Paris donnaient une note … »de 6,5 sur 20 en « sentiment général ». Et la capitale arrivait en 9e position sur 11 dans la catégorie des communes de plus de 200 000 habitants. » L’équipe municipale proposera ce « plan piétons » au Conseil de Paris de décembre prochain afin dit-elle de redonner « la priorité aux piétons ».  Priorité allègrement bafouée actuellement surtout depuis que les bicyclettes, les trottinettes et autres engins synonymes d’écologie ont envahi nos rues et nos trottoirs.
Que contient le plan annoncé ? 
« Créer 100 ha dédiés à la marche d’ici 2030« ,  « des feux piétons qui restent verts plus longtemps sur les avenues » et « le remplacement des plaques de rue manquantes« , le tout accompagné d’une enveloppe de 300 millions d’ € (à comparer aux plans vélo de 2015 et 2021 de respectivement de 150 et 250 millions d’€). Toujours selon la mairie, ce « plan piétons » vient compléter un plan précèdent datant de 2017 (totalement oublié pour la plupart d’entre nous ) et le « code de la rue« , une autre annonce tonitruante récente qui n’est pour le moment pas mise en place. Une succession de plans qui nous font penser au gosplan.
Quelques commentaires sur ce programme.
Les 100 ha destinés à la marche seraient constitués de l’élargissement de trottoirs, de la piétonnisation de davantage de rues (100 en plus de celles existantes) où se trouvent les écoles (c’est-à-dire en langue municipale « les rues aux écoles »), l’aménagement de nouvelles places parisiennes, la suppression de contre-allées et, plus alléchant encore à sa lecture, « la création d’un cœur piéton par arrondissement au cours de la mandature » ainsi que la « suppression progressive des pistes cyclables présentes sur les trottoirs« .  En réalité il n’y a dans ces mesures distillées rien de bien exceptionnel et de nouveau. En effet tout cela existe déjà et devrait juste s’étendre dans les quartiers visés par les édiles. Une sorte de petit toilettage qui n’empêchera pas les cyclistes de rouler sur les trottoirs, de griller les feux sans discernement, d’insulter les passants manifestant leur mécontentement à leur égard. 
Quant au remplacement des plaques de rue manquantes, internet y pallie grâce à nos portables, et ce n’est pas cela qui va changer la dangerosité de se déplacer à pied. Il est d’ailleurs choquant de demander aux habitants de signaler les endroits ou les plaques sont manquantes. N’est-ce pas plutôt le rôle des agents de la ville ? L’allongement des feux verts ne fera qu’accentuer les embouteillages surtout là où ils sont disposés en double tant ils sont rapprochés les uns des autres (quelques mètres) et mal coordonnés, tels ceux au croisement de la rue aux Ours et du boulevard de Sébastopol pour ne citer que cet exemple.  Accentuer la végétalisation des trottoirs est une bonne chose mais il faut qu’ensuite l’entretien périodique ne fasse pas défaut comme on le constate rue du Grenier Saint-Lazare où les nouvelles plates-bandes sont sales et les plantes qui ont séchées ne sont pas remplacées?
La seule manière d’agir pour faire respecter les droits des piétons est d’assurer une meilleure présence policière en calibrant les moyens humains (*), en multipliant les contrôles et en verbalisant toute entrave aux règles. Mais encore faut-il que les effectifs de police soient en nombre suffisant, ce qui n’est pas encore le cas actuellement. L’idée de créer des « zones pied à terre pour cyclistes » mériterait aussi d’être testée avant d’être rejetée par la mairie. 1 099 piétons ont en effet été blessés à Paris en 2022 (Le Parisien du 21 mars 2023). Ce nombre qui risque d’être plus élevé en 2023 mérite pourtant de tout tenter pour endiguer ce triste score et de protéger des cyclistes chauffards, les piétons et bientôt les touristes qui afflueront lors des jeux olympiques.
(*) Il existe des difficultés de recrutement au sein de la police municipale qui est très en deçà des effectifs visés, ce qui laisse encore de beaux jours d’impunité aux cyclistes indélicats.

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