Lors des récentes journées du patrimoine, des voix se sont élevées pour rappeler toute l’importance du mécénat en ces temps de crise qui devraient perdurer. Les médias se sont emparés du sujet et pointent une véritable bataille entre les musées et les monuments historiques qui mettent tout en avant (soirées de levée de fonds, campagnes de collecte …) pour convaincre donateurs et philanthropes de financer les restaurations, les travaux, l’acquisition de pièces exceptionnelles de mobilier, la remise en état de jardins … Notre pays est riche d’un patrimoine unique et important, Paris est concernée bien entendu. Compte tenu de l’état des finances du pays comme celles de notre ville, des moyens autres que les subventions publiques doivent être trouvés auprès du privé ? Les dons obtenus pour la restauration de Notre-Dame et plus récemment par le musée des arts décoratifs ou par le domaine de Chambord ont aiguisé les appétits. Il existe des associations d’amis dans certains musées et monuments comme au Louvre ou justement le musée des arts décoratifs, l’Opéra de Paris, qui œuvrent aussi.
La France de ce côté a beaucoup évolué au cours des dernières années, la fiscalité a été améliorée pour les particuliers et les entreprises. Les modèles d’organisation des levées de fonds dans les pays anglo-saxons qui existent depuis bien longtemps ont été copiés. Le soutien de la Fondation du patrimoine présente dans toutes les régions est un atout d’importance pour mener à bien un projet. Ce volet de la sauvegarde de notre patrimoine le plus médiatisé ne doit pas occulter en effet ce que l’on appelle à tort, le petit patrimoine, souvent rural (ponts, granges, demeures de maître églises et leur mobilier y compris les orgues, moulins, lavoirs, anciennes usines…) qui caractérise nos régions.
Seulement toutes les institutions se copient, c’est à celui ou celle qui aura le plus d’idées afin de se démarquer dans l’organisation des événements destinés à recueillir des fonds, d’autant que les grands mécènes ne sont pas légion, ils sont sursollicités et peuvent donc comparer en particulier les contreparties attachées à leur don! Certains se conduisent comme le ferait une entreprise concernant la promotion de sa marque. D’autres sont appuyés par des spécialistes qui en ont fait leur métier mettant en relation (moyennant rémunération) donateurs et institutions ayant besoin de fonds. Aussi les services de communication sont à la manœuvre. Selon le baromètre de l’association française d’utilité publique Admical (*) le mécénat a fléchi de 9% l’an passé, les entreprises préférant financer des causes environnementales et sociales. Elles s’assurent que la cause financée par un don est conforme aux valeurs de leur société. Le nombre de fortunes françaises étant limité il devient nécessaire de chercher ailleurs, dans les pays étrangers, de préférence ai Moyen Orient ou en Asie là où se trouvent des donateurs potentiels à la tête de fortunes récentes. Ce qui n’empêche pas Versailles (au travers du World Monument Fund) ou Chambord (en relation avec le riche homme d’affaires Stephen Schwarzman) de solliciter les Américains qui ont déjà beaucoup donné (en particulier pour reconstruire Notre-Dame).
Il est certain que l’Etat, les régions, les départements et les communes ne peuvent plus financer seuls les besoins d’un patrimoine aussi riche que la France. On cite souvent ces églises en mauvais état que les communes n’ont pas les moyens d’entretenir. Le Président de la République a fait un appel aux Français pour sauver son églises, la souscription nationale a permis de recueillir en 2 ans 23 millions d’€. A Paris même bien des églises et lieux de culte ont besoin de travaux que la mairie peine à engager. Quant au loto du patrimoine (la Mission Bern) qui chaque année sélectionne 118 dossiers (50% sont des monuments non protégés) sur les 1 000 reçus.
Les donateurs n’en doutons pas sont l’avenir du patrimoine de notre pays (**), sans les témoins de notre histoire ne pourraient pas survivre. Le récent cambriolage de bijoux au Louvre montre que même les systèmes de sécurité sont à revoir ou à renforcer et là encore il faudra trouver des fonds.
(*) Association pour le développement du mécénat industriel et commercial qui a pour objectif le développement du mécénat dans les entrepreneurs.
(**) 350 000 monuments dont seulement 45 000 protégés au titre des monuments historiques et prés de 68 000 non protégés en situation précaire. (chiffre de la Fondation du patrimoine)
Sources; Le Figaro des 20 et 21 septembre 2025