L’usager francilien sera t’il le gagnant de la mise en concurrence des lignes de transports en commun ?

Nous avons évoqué dans de précédents articles le sujet de l’ouverture du réseau de bus franciliens à la concurrence mise en œuvre par Ile France Mobilités (IDFM) (*). Cette dernière a organisé des appels d’offre en 13 lots, dans le cadre de la loi du 8 décembre 2009 relative à l’Organisation et à la Régulation des Transports Ferroviaires (ORTF), prise en application du règlement européen du 23 octobre 2007. Cette réglementation prévoit au plus tard en 2025 l’ouverture à la concurrence de l’exploitation des lignes de bus. Depuis 2021 déjà, a été attribué le réseau de bus de le Grande couronne (36 contrats partagés entre Transdev, Keolis, RATP Cap Ile de France et le groupement de transporteurs Lacroix-Savac). La seconde vague qui avait été lancée vient d’arriver à son terme. En effet l’opérateur Keolis (détenu à 70% par SNCF Participation et à 30% par la Caisse de dépôt et placement du Québec) obtient un des 3 réseaux en compétition (soit 6 centres opérationnels et 350 véhicules), réseau qui était exploité par la RATP et Transdev. La RATP, via sa filiale RATP Cap Ile-de-France, conserve l’exploitation des deux autres lots concernant la petite couronne. Nous sommes loin de la révolution annoncée par IDFM.

Keolis va donc exploiter 39 lignes de bus, 3 lignes de transports à la demande et 2 lignes express desservant 600.000 habitants sur un territoire dénommé « Marne et Brie », en Seine-et-Marne essentiellement ainsi qu’en  Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne (notamment Chelles, Pontault-Combault ou encore Emerainville avec des lignes allant jusqu’au Raincy, Noisy-le-Grand et Ozoir-la-Ferrière). 

Quant à la RATP elle se retrouve avec la plus grosse part d’exploitation. D’une part, « Boucles Nord de Seine », avec 19 lignes de bus dans des communes au nord-ouest de Paris (Asnières, Levallois-Perret, Neuilly-sur-Seine, Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen, Argenteuil, Eaubonne, Saint-Cloud, Suresnes, Boulogne-Billancourt…), desservant 1,7 million d’habitants avec 280 véhicules. D’autre part elle assurera l’exploitation des « Bords de Marne », au Sud-Est de Paris, couvrant 29 lignes dans 29 communes (dont Bry-sur-Marne, Noisy-le Grand, Villemomble, Gagny, Fontenay-sous-Bois, Vincennes, Montreuil, Bagnolet, Bobigny, Créteil), pour desservir quelque 1,2 million d’habitants avec 300 véhicules !

La RATP mise sur son expérience dans les transports en commun et son expertise, en particulier en vue de la prochaine vague de lots (il en reste encore 10 à attribuer jusqu’en octobre 2025, viendra ensuite, fin 2026, Paris intra muros). L’enjeu est d’importance pour la régie et il va falloir, dans le temps imparti jusqu’à cette date, que des progrès sérieux soient opérés. car malgré l’amélioration lors des JO, le compte n’y est pas. La fréquence de certaines lignes (bus et métro) laisse à désirer (il suffit de se pencher par exemple sur la ponctualité et le nombre de bus insuffisant sur la ligne 29  « Saint-Lazare Porte de Montempoivre » qui traverse Paris centre et pour laquelle le temps d’attente est depuis des années des plus élevés), sans doute le pire cas. 

Il importe de souligner que ces changements concernent les 19 000 salariés de la RATP  qui en cas de nouvel opérateur  changent certes d’employeur mais conservent leur salaire, leur garanties sociales et leur régime de retraite. Il ressort néanmoins après analyse de la toute première attribution de 2021 que le passage de témoin ne se fait cependant pas sans problème. C’est a priori compliqué et même au plan politique cette mise en concurrence n’est pas du goût de tous, certains opposants allant jusqu’à parler de vente à la découpe…

A suivre dans le temps, il nous appartiendra alors de constater, comme usager, si le choix de la concurrence est bénéfique ou non et des avantages éventuels sont retirés de ces changements au plan économique par IDFM c’est-à-dire la région ?

 

(*) En tant qu’autorité organisatrice des transports, Ile-de-France Mobilités délègue le service des transports mais pilote l’offre de transport demandée, la billettique ou encore le matériel roulant.  

 

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