Peut-on endiguer la montée des incivilités ?

Se déplacer sur les trottoirs, emprunter un passage piétions, traverser une rue en zone 30 devient de plus en plus risqué. Entre les trottinettes, les vélos, les motos, les planches à roulettes, les mono roues, les automobiles, les livreurs et la circulation autorisée ou non dans le sens inverse du sens unique, ajoutés aux bus et aux cars de touristes essayant d’évoluer dans les rues étroites du centre de Paris, les piétons sont à la peine. Pour eux « déplacement doux » est une utopie, en décalage avec le quotidien des Parisiens qui se déplacent à pied, une expression qui sert plutôt à émailler les discours pompeux.

La réalité est que ces nouveaux modes de déplacement servent de révélateur du niveau atteint par l’égoïsme ambiant. Le chacun pour soi et les incivilités étant devenus un des nouveaux marqueurs de notre société.  L’individualisme prime en toutes circonstances (excepté lors de la survenue de catastrophes où tel un sursaut, mais de courte durée, beaucoup s’enquièrent des autres).  Tenir une porte, laisser sa place à une personne âgée ou avec des enfants, ne pas souiller les trottoirs… deviennent des actes anormaux presque surannés ! Le manque d’éducation, l’impolitesse souvent inconsciente sont devenus des actes normaux qui ne choqueront bientôt plus si l’on n’y prend pas garde.  Le temps qu’il a fallu pour qu’une telle évolution prenne corps a été très court et nous interpelle.

Aucune nostalgie sur ce constat car nous sommes tous un peu responsables de cet état de fait, juste des regrets que parents et éducateurs n’aient pas su anticiper cette évolution qui a transformé sensiblement la société.

Alors que les discours ambiants sont focalisés sur la solidarité, la compassion, les avantages sociaux, l’humanitaire, l’engagement associatif, la force de l’entraide, dans les faits la réalité est toute autre.

Les politiques les plus attachés à la redistribution, à la mixité sociale et grands pourfendeurs de l’égoïsme n’hésitent pas à engager des millions d’euros pour aider les plus nécessiteux, leur offrir des logements…Et pourtant, leur action faite souvent à marche forcée, par idéal, en imposant des convictions plutôt qu’en les faisant partager ne suffit pas, sauf à se donner bonne conscience. La méthode ne fonctionne pas, chacun le constate chaque week-end depuis bientôt un an. Car si parallèlement, on s’ingénie à opposer les uns contre les autres, les riches contre les pauvres (deux notions déjà si difficiles à définir), les nantis contre les défavorisés, les « vernis » contre les infortunés, les chanceux contre les malheureux, les éduqués contre les ignorants, la situation ne peut que s’aggraver. La rancœur est alors renforcée chez ceux qui se sentent exclus des changements actuels et adoptent les comportements égoïstes qui justement nous posent question.

Il faut donner, sinon redonner du sens aux valeurs, valeur travail, valeur morale, valeur de la vie en société et la valeur du respect de l’autre. Nous pouvons tous y contribuer au quotidien, à notre niveau, en montrant l’exemple, en faisant preuve de pédagogie partout où cela est possible, à l’égard des jeunes surtout. Action qui doit se combiner à celle des représentants de l’autorité et de l’ordre qui peuvent agir dans le cadre qui leur a été fixé.

Le gap à franchir est important mais soyons optimistes et patients, tout n’est peut-être pas perdu !

 

 

 

 

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