Des articles donnant des éléments de l’enquête sur l’incendie de Notre-Dame commencent à paraître. C’est le dispositif de prévention lui-même qui serait mis en cause, au niveau semblerait-il du PC sécurité de la cathédrale. Suite à des atermoiements, les pompiers auraient été prévenus avec 30 mn de retard. Quels que soient les faits qui ont abouti à ce drame, l’heure est dorénavant celle de la reconstruction et les polémiques ne manquent pas.
Tout d’abord la question des dons est un sujet délicat car entre les promesses faites et le versement de ceux-ci, il peut y avoir des déconvenues. N’a-t-on pas annoncé un peu trop tôt être proche du milliard d’euros ce qui a provoqué pas mal de rétractations, alors que 75 millions € ont été effectivement perçus à ce jour… On comprend mieux pourquoi certaines voix se sont élevées pour que l’effort de collecte ne se relâche pas d’autant qu’au final personne n’est en mesure, malgré des estimations diverses distillées ici et là, de donner le montant exact de ce que coûteront effectivement les travaux de restauration auxquels s’ajoutent la mise en sécurité, l’étanchéité de l’édifice et la protection des abords…
Autre polémique la précipitation de la restauration et les dérogations à certaines règles (urbanisme, environnement, construction, préservation de patrimoine ou commande publique) proposées par une loi spécifique et critiquées par les spécialistes. Le Sénat a apporté en particulier des modifications sur la possibilité pour le gouvernement de créer un établissement public pour assurer la conduite des études et des travaux dont la présidence serait assurée par un général. Il faut espérer qu’une version commune aux 2 assemblées du texte de loi soit possible. Un consensus sur l’organisation de ce chantier est vraiment nécessaire et rien ne sert de se déchirer sur sa mise en œuvre.
Imposer un délai de 5 ans semble à beaucoup déraisonnable et davantage encore dans la perspective de faire coïncider cette date de fin des travaux avec celle du début des JO de Paris en 2024. Il est vrai que les deux évènements n’ont aucun lien sinon de vouloir satisfaire les touristes. Mais nombreux sont les voix qui s’élèvent sur cette précipitation et la course qu’elle implique pouvant être préjudiciable à la qualité de travaux.
Quant au remplacement de la flèche c’est sans doute à son sujet que les critiques sont les plus nombreuses et les plus fortes. D’éminents spécialistes, savants, experts et professeurs se sont exprimés et ont fait connaitre leur volonté de voir la flèche reconstruite à l’identique alors qu’un concours est ouvert et que les propositions fleurissent de toutes parts (flèche stylisée, toit transparent, utilisation de nouveaux matériaux etc…). Mais le Président de la République lui-même appelle à une « reconstruction inventive », à l’image de ce que Viollet-le-Duc avait fait en son temps.
A-t-on finalement le droit de modifier ce qui est devenu le symbole même de Notre-Dame et de ne pas respecter ce qui nous a été transmis? Un humoriste ne s’y est pas trompé. Il a dessiné, telle une boutade, le haut de la Tour Eiffel translaté sur le toit de Notre-Dame !