Une rétrospective Thierry Mugler au musée des Arts décoratifs

Né à Strasbourg, Thierry Mugler qui se fait appeler désormais Manfred Thierry Mugler, fils de médecin, ayant reçu une éducation stricte, réussit dès l’âge de 14 ans, malgré l’opposition parentale, à entrer à l’école de danse de l’Opéra du Rhin. Très volontaire, un brin provocateur, passionné de cinéma, il quitte la danse pour devenir styliste à Paris. Très rapidement tout le monde de la mode que compte l’Europe s’arrache son talent, alors qu’il apprend encore le métier sur le tas. En 1973, Thierry Mugler lance sa ligne de vêtements « Café de Paris« , elle connait un succès immédiat. C’est l’époque où le couturier s’installe dans le cœur du Marais, rue des Archives, avant de rejoindre quelques années plus tard le 4 rue aux Ours qui abrite aujourd’hui le commissariat de Paris Centre. Certains d’entre nous, déjà installés dans le quartier, se souviennent de la fièvre qui s’emparait de cette rue lors des défilés de mode.

Moins médiatique, mais toujours autant actif Thierry Mugler qui vit à Berlin a pris du recul. Il s’occupe toujours des parfums sous sa marque, de costumes de scène et produit des spectacles alors que sa maison de couture, devenue propriété du groupe Clarins, a été fermée en 2003.

Après avoir passionné les visiteurs en  Allemagne, aux Pays-Bas et au Canada, l’exposition qui lui est consacrée à partir du 30 septembre et jusqu’au 24 avril 2022 s’est installée au musée des Arts Décoratifs. Une belle récompense. Les spécialistes de la mode n’oublient pas les défilés spectacles, les premiers du genre, organisés dans les années 90 au Ritz, au Cirque d’Hiver et au Palais de Tokyo. Ils sont d’ailleurs restés dans les annales.

L’événement baptisé « Thierry Mugler : Couturissime » balaie toute la carrière du « créateur génial  » qui est aussi excellent photographe, réalisateur et metteur en scène qui crée les costumes de nombreux spectacles. Cette exposition hommage est la première organisée pour le couturier. Des tenues iconiques, des photos, des installations et des vidéos parsèment le parcours avec une ambiance sonore étonnante et la possibilité de sentir les parfums éponymes dont le fameux « Angel« .  Parmi les robes restées célèbres, figure la robe chimère à l’affiche de l’exposition qui a été créée après 2 ans de travail, chaque écaille a été réalisée et peinte à la main pour être vue pendant seulement 2 minutes sur le podium ! On apprend qu’une pléthore de stars ont été habillées par la maison Thierry Mugler, notamment Céline Dion, David Bowie, Beyoncé, Mylène Farmer ou Lady Gaga.

Les éloges et commentaires ne manquent pas à l’occasion de cette exposition, « la vision futuriste et visionnaire de la mode de Thierry Mugler fait de lui un couturier indémodable, un artiste déjanté aux multiples facette…L’extravagance et l’éclectisme de Thierry Mugler fascinent… L’exposition la plus attendue de l’année« . Soulignons que Thierry Mugler fut le premier à utiliser des bustiers en plexiglas ou en métal, des costumes montés sur du caoutchouc, des tailleurs en vinyle  et des fausses fourrures. Hasard du calendrier, l’exposition ouvre en même temps que la Fashion Week qui renoue avec les défilés après avoir été confinée sur internet pendant la pandémie de la Covid.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de citer le couturier interviewé par une journaliste du Figaro du 28  septembre 2021 lui demandant quel effet lui faisait-il de revenir à Paris à l’occasion de cette exposition ? Sa réponse hélàs confirme bien ce que nous ne cessons de dire sur la navrante évolution de la capitale : « … je trouve que Paris n’est plus une ville aussi joviale, elle a perdu beaucoup de son humanité, s’avère déséquilibrée, avec d’un côté la misère au coin de la rue, et de l’autre cet argent fou avenue Montaigne, les Champs Elysées, les palaces. Je n’ai jamais vu une ville avec autant d’hôtels d’archiluxe! C’est une carte postale. En plus on ne peut plus circuler, les plots en plastique ont envahi toutes les petites rues. Je préfère de loin aujourd’hui la vie à Berlin. »    Sans commentaire!

107, rue de Rivoli – Du mardi au dimanche de 11h à 18h. Nocturne jusqu’à 21h le jeudi 

 

 

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