Veut-on vraiment aller vers un tourisme de nouveau type à Paris?

Alors que nous dénonçons l’excès de terrasses et surtout le « favoritisme » que la mairie apporte depuis des années au secteur des bars afin de développer notamment  le tourisme nocturne, « favoritisme » qui a été démontré à l’occasion de la pandémie avec les terrasses éphémères, l’équipe municipale, sans doute consciente que le tourisme de masse ne sera plus comme avant, vient  de lancer « Les assises du tourisme durable« . Cela explique t’elle, afin de  préparer « … la relance avec les acteurs du secteur et souhaite jouer un rôle particulier dans l’invention d’un tourisme plus durable et local, plus éco-responsable, plus résistant aux crises, plus respectueux de son territoire et de ses habitants, et devenir ainsi exemplaire dans l’émergence d’un tourisme à impact positif à l’aune des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. »

La lecture de cette déclaration figurant sur le site Paris.fr semble montrer que  la mairie serait consciente que le tourisme ne sera peut-être plus comme avant, la pandémie étant passée par là.  Sauf que les jeux olympiques de 2024, s’ils ont lieu, vont attirer à Paris les foules du monde entier et alors adieu au  » tourisme plus durable et local, plus éco-responsable, plus résistant aux crises, plus respectueux de son territoire et de ses habitants, » que semblent vouloir promouvoir nos édiles.  A moins qu’ils ne soient déjà convaincus que les JO tels que nous les connaissons font déjà partie d’un monde révolu. Il est acquis que ceux de Tokyo, qui devraient être maintenus,  enregistreront un taux élevé de défections, des pays ont déjà averti qu’ils déconseilleraient, voire interdiraient à leurs ressortissants de s’y rendre.

Fidèle à son mode de concertation que nous avons déjà plusieurs fois critiqué, la mairie a mis en ligne  un questionnaire organisé autour d’une part la connaissance de nos propres pratiques touristiques et d’autre part du constat qui peut être fait sur les problèmes tels la pollution de l’air et le déplacement des touristes, les meublés touristiques, la saturation de certains quartiers et monuments, la diversité commerciale, le gaspillage alimentaire etc…  Quant au véritable fond du problème, c’ est-à-dire l’excès de touristes ou tourisme de masse,  il n’est pas abordé et il est peu probable qu’il le soit ultérieurement,  la mairie conserve en effet sa logique de compétition avec les autres capitales afin d’afficher chaque année le plus grand nombre de visiteurs, au grand dam des habitants qui ont vu s’accroître la difficulté de se loger, qui assistent impuissants au changement  de leurs quartiers au profit de la mono activité en particulier la mode et  le développement des bars et de leurs terrasses qui amputent l’espace public, Ils  constatent aussi la montée de la malpropreté et la multiplication des rats (ce serait, dixit le équipes de propreté de la mairie,  les déchets laissés justement par les touristes dans les squares et les jardins publics qui auraient attiré les hordes de rongeurs !). L’afflux de touristes est aussi une des raisons qui expliquent les nuisances sonores nocturnes.

Si la mairie veut faire évoluer le tourisme dans la capitale, le vrai sujet n’est donc pas de savoir ou connaître qu’elles sont nos habitudes touristiques, ni si la signalisation existante est suffisante, mais plutôt de mettre en œuvre  de véritables mesures préventives afin d’endiguer et de contrôler les pics d’arrivée de touristes.  L’hémorragie en cours qui se traduit par le départ de nombreux Parisiens qui préfèrent s’installer en dehors de Paris ne fera que s’accentuer et la ville sera alors livrée aux touristes et aux fêtards. Mais peut-être est-ce à terme le souhait profond de ceux qui administrent la ville ? Moins d’habitants et plus de touristes, les terrasses seront ainsi bien remplies.

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