Création d’une police municipale, les Parisiens ont de fortes attentes

La Maire de Paris a déclaré se féliciter du vote du conseil de Paris du 03 juin créant une police municipale. Elle a rappelé que ce dossier était « l’aboutissement de 3 années de préparation et la réalisation d’un engagement de campagne« , ajoutant  » Le vote de ce jour ouvre la voie à l’arrivée dès la rentrée 2021 de premiers policiers municipaux dans les rues de Paris« .  Le  Conseil de Paris a par ailleurs donné un avis favorable aux décrets gouvernementaux qui fixent les règles statutaires des policiers municipaux parisiens. Le vote obtenu est sans appel, 114 voix pour et 30 contre (notamment EELV et le PCF). Paris était la derrière grande ville à ne pas disposer de police municipale. Notons que depuis avril déjà est engagé le processus de formation, d’agrément et d’assermentation des agents actuels.

Si l’on en croit les assertions municipales la police  » assurera une présence rassurante 7 jours sur 7 et 24 H/24 dans les rues et les jardins de Paris par ses missions de lutte contre les incivilités, de tranquillité publique, de régulation des déplacements et de protection des publics les plus vulnérables« . 17 divisions territoriales (une par arrondissement, y compris Paris Centre) seront créées dans le cadre du «big bang de la proximité» qui définira  localement « les missions et des secteurs d’intervention prioritaires, sous l’égide des maires d’arrondissement… »  Est annoncée aussi la création « d’un comité d’éthique indépendant qui veillera à sa déontologie et d’un observatoire de la tranquillité publique qui rendra accessibles toutes les données utiles. » Enfin il est ajouté que « la future Direction de la Police Municipale et de la Prévention sera forte de 5000 agents à la fin du mandat (*), dont le recrutement assurera la diversité et la parité à l’image de la population parisienne. En 2021, le budget de la future police municipale s’élève globalement à 184 millions d’euros. »  Dans son intervention la Maire de Paris, comme à l’accoutumé, n’oublie pas de mentionner que « … ce nouveau service public parisien de la prévention, de la sécurité et de la tranquillité publique se construira avec eux. » Nous savons sur ce plan, comme pour la plupart des sujets soi-disant bâtis « en commun », « en concertation« ,  » en co construction » ou  » en participation citoyenne »  etc.. etc… que cela signifie qu’il n’en sera rien puisque tout est décidé au préalable en chambre, un système bien rodé au fil des années …

Quelles seront les tâches dévolues à ces nouveaux agents de police? 

Ils verbaliseront ceux à l’origine « de dépôts sauvages, nuisances sonores, de jets de mégots, d’épanchements d’urine, de déjections canines, de débords de terrasses et de stationnement gênants » c’est-à-dire tout ce que sont déjà censés faire les agents de la DPSP dont une partie des effectifs est notamment en charge de la surveillance des parcs, jardins et cimetières. Tous ont vocation à rejoindre la police municipale sous la dénomination « DPMP » (Direction de la Police Municipale et de la Prévention). Point d’importance et qui a fait débat, ces policiers ne seront pas armés, ils porteront un gilet pare-balles et disposeront d’une matraque, d’une bombe lacrymogène, d’une caméra et de menottes. Sur l’absence de port d’arme, répondant à des critiques, l’adjoint de la Maire en charge de la sécurité, Nicolas Nordman, a expliqué le souhait des édiles de « marquer la différence entre les missions des policiers municipaux liées à la tranquillité publique et celles des policiers nationaux liées aux cambriolages, au trafic de drogue, au terrorisme et à la grande délinquance…« 

Nous estimons que la création d’une police municipale à Paris est une très bonne chose si elle saisit véritablement à bras le corps l’occasion qui est ainsi donnée de lutter contre les incivilités qui empestent notre quotidien et battent en brèche la tranquillité publique. Le temps de la prévention est révolu, il faut de la présence sur le terrain, des contrôles et des sanctions. La situation actuelle qui risque rapidement d’empirer avec le déconfinement ne tolère plus de laxisme tant en matière de propreté que de nuisances sonores.

Sur le fond, outre l’accroissement des effectifs découlant de cette création d’une police municipale, de nombreuses questions restent pantelantes. Tout d’abord l’évolution de la DPSP en DPMP va t’elle apporter davantage de contrôles et plus de verbalisations et surtout un renforcement significatif des équipes du soir et de nuit ?  Pouvons-nous espérer constater rapidement une présence bien plus marquée et visible de policiers sur le terrain que celle, peu perceptible, des agents de la DPSP ? Quels seront les véritables pouvoirs des maires d’arrondissement en matière de police ? Quels seront les moyens prévus et mis en œuvre  pour que les Parisiens soient informés périodiquement, dans des délais raisonnables et en toute transparence, de l’activité menée et des résultats obtenus ?  Quel type de « charte » régira les responsabilités, les rapports et la collaboration avec la police nationale ? N’y a t-il pas risque de chevauchement et de « renvoi de balle » entre les 2 polices aboutissant à l’enlisement de certains problèmes ? Toutes ces interrogations non exhaustives restent à traiter.  

 

(*) 1 200  personnes seront recrutées et recevront une formation de  120 jours. Ce contingent renforcera les 1 100 inspecteurs de sécurité et 1 100 agents de surveillance rattachés présentement à la DPSP (Direction de la prévention et de la Sécurité du public) qui devront suivre une formation  spécifique.

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